BACURAU

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Produit au pays de Pelé et du Carnaval de Rio , le très baroque Bacurau est un authentique ovni filmique. Une allégorie triviale sur la société brésilienne qui, sous couvert d'un film d'auteur engagé (la preuve : il a eu le Prix du Jury à Cannes 2019) se permet des apartés et autres hommages divers au cinéma de Sam Peckinpah (avec des fusillade sanglantes), à Mad Max (pour ces paysages désertiques filmés dans une ambiance de fin de monde) ,à John Carpenter (avec une reprise du thème principal de son avant dernier album dans la B.O) et à Glauber Rocha, pape du cinéma brésilien qui, lui aussi , tournait des films engagés contre l'autocratie. 

Navigant entre la fable futuriste,le drame social et le western décadent, le film nous immerge dans le village fictif de Bacurau ou les habitants qui y vivent en totale autarcie se soutiennent les uns les autres. Notamment en se frottant chaque jour à une sécheresse persistante et, surtout, en contrant les manipulations d'un député local prêt à annihiler le lieu si les locaux refusent de voter pour lui aux prochaines élections .Evidemment, les choses dégénèrent quand les habitants finissent par se révolter dans un bain de sang généralisé. 

Un film pamphlet dont certains personnages étranges où psychotiques (dont celui interprété par Udio Kier, excellent dans la peau tannée d'un ersatz du comte Zaroff qui élimine ses proies humaines avec un fusil/silencieux) évoquent également le cinéma d'Alejando Jodorowsky. Un film prémonitoire sur l'état déliquescent d'un pays puisque, peu de temps après la sortie du film, ce cinglé de Bolsonaro arrivera au pouvoir.

Réalisateur de Bacurau (qu'il a cosigné avec son chef décorateur Juliano Dornelles), Kleber Mendonça Filho a été critique et programmateur avant de signer six courts métrages entre la fin des années 90 et la première décennie des années 2000. En 2012, il signe son premier long métrage, Les bruits de Recife sur les vies entrecroisées des habitants d'un immeuble. Un thriller sur fond de drame social qui marque de suite le style de Mendoça. Voir, quatre ans plus tard, son tout aussi engagé Aquarius portrait d'une femme de soixante confrontée à un vil promoteur qui veut s'accaparer son appartement . En quelque sorte, un avant goût de l'exploitation humaine qu'on retrouvera dans Bacurau. 

Dans le rôle du chasseur/chef de meute de de Bacurau, on retrouve l'hallucinant (et halluciné) acteur allemand Udo Kier dont la filmographie à la fois passionnante et foutraque compte pas moins de 270 films, téléfilms et séries, allant du pire navet (voir le gênant Barbwire avec Pamela Anderson) aux blockbusters explosifs (Armageddon de Michael Bay) en passant par le film d'auteur provo (Nymphomaniac de Lars Von Trier).Et ce sans compter quelques chemins de travers comme le vidéoclip (dont un avec Madonna) ou la fausse fausse bande annonce vintage (Werewolf Woman of the S. S de Rob Zombie). Mais Udo Kier reste surtout connu pour avoir interprété dans les années 70 le comte Dracula et le docteur Frankenstein dans des variations sexuelles, ironiques et ultra gores de ces mythes dans deux films réalisés par Paul Morrissey sous le vague contrôle de l'artiste excentrique Andy Warhol. 

Enfin on remarquera dans un second rôle, la présence de la charismatique Sonia Braga, immense actrice brésilienne, personnage central du précédent film de Mendoça (Aquarius), qui s'était fait connaître du monde entier en1976 en femme libre dans Dona Flor et ses deux maris de Bruno Baretto. On se souvient aussi de Sonia Braga pour son rôle de méchante outrancière portée sur le SM dans La relève de Clint Eastwood ou elle viole littéralement notre cher Dirty Harry. 

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