BASQUIAT, UN ADOLESCENT A NEW YORK

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En retraçant les quelques années qui précédent l’accession de Jean-Michel Basquiat à la célébrité, le film de Sara Driver ne se contente pas d’évoquer les débuts du jeune peintre à la fin des années 70. Il décrit aussi le contexte très particulier de New York, dont la déliquescence agissait comme un puissant stimulant pour la communauté artistique.

C’est ainsi que les rockeurs, rappeurs, peintres, graffeurs et cinéastes se rassemblaient pour échanger leurs idées et leur énergie dans un bouillonnement créatif unique.

Sara Driver, la compagne de Jim Jarmusch, a parfaitement connu cette époque, et lorsqu’elle a eu accès à une somme de documents laissée par Basquiat chez une de ses logeuses, elle a imaginé d’illustrer cette époque en alternant images d’archives et témoignages de participants. Le résultat dépasse les limites apparentes du sujet, en rendant hommage sans nostalgie à un épisode particulièrement innovant de l’histoire de New York.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JEAN-MICHEL BASQUIAT: THE RADIANT CHILD (Une autre évocation du peintre en forme d'hommage par une de ses amies.) ou encore THE BLANK GENERATION (L'enregistrement au CBGB's de la scène punk new yorkaise au moment même où elle émergeait.).

Réalisatrice discrète et peu prolifique, Sara Driver a réalisé à partir du début des années 80 trois films de fiction typiquement indépendants et injustement méconnus, qui flirtent avec le fantastique et l’onirisme. Il en reste des traces dans Basquiat qui, malgré son caractère documentaire, n’en garde pas moins une part de magie et de mystère. Le personnage principal y apparaît comme un fantôme dont on n’entend jamais la voix. 

La réalisatrice raconte avoir eu l’idée de ce documentaire lorsque Alexis Adler, qui avait hébergé le jeune peintre, avait retrouvé une quantité d’objets qu’il avait laissé chez elle. Elle avait stocké l’ensemble dans le coffre d’une banque et s’en est souvenue en apprenant que la banque avait été inondée après l’ouragan de 2012. Rien n’ayant été endommagé, elle a pu récupérer des dizaines de dessins, textes, carnets et photos. Lorsque Sara Driver a découvert ce fonds à son tour, elle a trouvé non seulement qu’il était révélateur des débuts de Basquiat, mais qu’il décrivait aussi avec acuité le contexte de l’époque. New York était alors au bord de la faillite, et c’était une ville dangereuse. Des quartiers entiers étaient à l’abandon, comme le Lower east side où habitait Basquiat et une partie des artistes qui se réunissaient dans des salles de concert comme le Mudd club, le Club 57 ou le CBGB.  

Sara Driver, qui a bien connu cette époque, insiste sur l’importance du groupe et du vécu en commun. Le film montre d’ailleurs explicitement comment Basquiat tissait des liens avec ses proches et faisait d’eux une sorte de famille de substitution. La réalisatrice entretenait le même genre de relations avec les artistes qu’elle fréquentait, et c’est grâce à cette entente qu’elle a pu utiliser leurs oeuvres gracieusement dans son film sans avoir à payer de droits. Aujourd’hui, la ville a été nettoyée, la plupart des salles de concert sont fermées pour tapage nocturne, et on écoute de la musique seul sur son ordinateur. Les New Yorkais ne sont plus les mêmes qu’avant, et l’énergie non plus.  

Vingt-cinq ans après son dernier long métrage Sara Driver, la femme, muse et productrice de Jim Jarmusch, fait son retour derrière la caméra pour un documentaire sur l’émergence en tant qu’artiste de son ami Jean-Michel Basquiat. Basquiat, un adolescent à New York est ...