BIG BOY

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Le jeune Bernard Chanticleer est un peu perdu. Il est amoureux de Barbara, une femme qui déteste les hommes, et par dessus le marché, le livre le plus rare de la bibliothèque dont son père est le directeur a été volé. Ces deux éléments contribueront à l’émancipation de Chanticleer, sauf que les choses ne se feront pas dans la facilité.

Réalisé par Francis Ford Coppola en 1966, soit quelques six années avant Le Parrain, Big Boy se veut une comédie romantique sur l’entrée dans l’âge adulte et les modifications qu’elle impose dans le comportement tant sur le plan amoureux que social et professionnel. S’assumer, voilà un terme dont Bernard Chanticleer apprendra la signification au fil d’événements qui à priori ne jouaient pas en sa faveur. Bien au contraire.

C’est au jeune et prometteur acteur canadien Peter Kastner que Coppola offrit le rôle de Bernard Chanticleer, exercice dont le comédien se sortit avec brio mais qui ne lui ouvrit cependant pas les portes de la gloire à Hollywood. Kastner s’illustra par la suite, tout au long de sa carrière, dans des seconds rôles, notamment à la télévision, et mourut en 2008 à l’âge de 65 ans. Le personnage de Barbara, la femme qui n’aimait pas les hommes, est interprété par Elizabeth Hartman qui venait de se faire remarquer à l’époque pour sa prestation de jeune femme aveugle aux côtés de Sidney Poitier, dans le film de Guy Green Un coin de ciel bleu aussi connu sous son titre original A Patch of Blue. Et puis il y a Geraldine Page dont l’impressionnant parcours compte des œuvres comme Doux oiseau de jeunesse de Richard Brooks, Les Proies de Don Siegel ou encore Le Tumulte de George Roy Hill.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE MONDE DE CHARLIE (Dans ce film de Stephen Chbosky, un jeune homme timide et rejeté par ses camarades de lycée, va prendre confiance en lui à travers sa relation avec deux lycéens bienveillants.) ou encore WHO'S THAT KNOCKING AT MY DOOR (Ce film de Martin Scorsese prend sa source dans le projet de fin d'études cnématographiques du cinéaste.).

Le cinéaste Emir Kusturica lauréat à deux reprises de la Palme d’Or au Festival de Cannes, respectivement pour ses films Papa est en voyage d’affaires en 1985, et Underground en 1995, eut l’occasion à l’orée du vingt et unième siècle, de croiser le chemin de Francis Ford Coppola, à l’aéroport de Nice. Il l’aborda, ému, et lui témoigna de son admiration envers le grand cinéaste qu’il le considère être, ajoutant que des films comme Le Parrain et Apocalypse Now ne sont pas étrangers au fait qu’il embrassa à son tour une carrière cinématographique. La réponse, raconte Kusturica, tomba comme un couperet : Vous êtes qui exactement ? Inutile de dire qu’après cette douche froide, le Yougoslave ne considéra plus ses idoles hollywoodiennes de la même manière. Du moins sur le plan humain. Sans commentaire.

Le film Big Boy auquel vous avez assisté, intègre la catégorie des films intimistes réalisés par Coppola, tels le magnifique Coup de cœur, ou encore Les Gens de la pluie et pourquoi pas Peggy Sue s’est mariée. Des œuvres en apparence diamétralement opposées aux grandes fresques que sont Le Parrain avec ses trois parties, et Apocalypse Now, mais qui dans le fond témoignent d’une maîtrise tout aussi efficace de la mise en scène, de la technique et de la direction d’acteurs. Et si Big Boy peut vous avoir semblé un peu juvénile dans son traitement, soyez indulgents comme a pu l’être le jury de l’université UCLA en son temps,  qui a accordé à Francis Ford Coppola son diplôme de fin d’études cinématographiques après avoir vu ce film.

Dans le rôle de Miss Nora Thing, vous avez pu reconnaître Julie Harris, l’héroïne de La Maison du diable de Robert Wise, vue également dans Reflets dans un œil d’or de John Huston, entre autres. Et puis dans le personnage d’Amy Parlett, Karen Black qui faisait ici ses débuts cinématographiques et à qui le film de Dennis Hopper Easy Rider, allait apporter trois ans plus tard, la célébrité et la reconnaissance. Quant à Michael Dunn, interprète ici de Richard Mudd, son personnage du méchant docteur Miguelito Loveless dans la série télévisée Les Mystères de l’Ouest allait dans cette même période, la fin des années soixante, le rendre populaire dans le monde entier.

Dès les premières images, on est frappé d’une évidence, celle d’être devant l’œuvre débutante (cinquième film et premier vrai succès) de quelqu'un qui est déjà un auteur… Un scénario inventif, une liberté de ton absolue, à l’instar de celle de l’interprète ...