BLACK COAL

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Présenté au Festival de Berlin, Black Coal est le troisième long métrage du cinéaste sino-hongekongais Diao Yi’Nan. Le film est reparti de la Berlinale doublement primé avec l’Ours d’or ainsi que l’Ours d’argent du meilleur acteur pour Liao Fan. 

Ce dernier y joue L’inspecteur Zhang Zili cherche à savoir pourquoi le corps d’un mineur a été dispersé aux quatre coins de la Mandchourie dans plusieurs raffineries à charbon. Lors de l'interpellation de suspects, il est blessé et doit abandonner son poste de policier. Cinq ans plus tard, deux nouveaux meurtres sont commis dans la région. 

Vengeance ou tueur en série? La question se pose dans ce polar sombre que le cinéaste et scénariste a mis plusieurs années à écrire. Pas à proprement inspiré de faits réels, Black Coal, sorti en 2014, est cependant une véritable plongée dans la Chine contemporaine avec un véritable curiosité pour le genre humain et sa part la plus noire.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MEMORIES OF MURDER (L'histoire vraie de la longue traque d'un serial killer dans la Corée rurale des années 1980. Le premier coup d'éclat du futur réalisateur de "Parasite".) ou encore LES ÉTERNELS (Parce que Diao Yinan, le réalisateur de "Black Coal" fait aussi l'acteur et participe dans un rôle secondaire à cette fresque mafieuse et romantique signée par son compatriote Jia Zhangke.).

On retrouve beaucoup du style de Diao Yi’Nan dans Black Coal, qui est réellement l’oeuvre qui a révélé le cinéaste sino-hongekongais au grand public et au monde cinéphile. Il y a d’abord cette manière de mettre en scène des polars noirs comme le charbon du film Black Coal. Sombres, ils le sont par leur fond, terriblement crasseux et parce que la nuit y a une place prépondérante. Mais ils sont également colorés et lumineux, notamment grâce à cette grande présence de lumières néons qui viennent cerner les comédiens. Un attrait pour le fluo qui trouvera toute sa grâce dans son film suivant, Le lac aux oies sauvages sorti en 2019. 

Mais il y a également cet attrait pour la Chine, pour la manière d’observer son pays, un façon pour Diao Yi’Nan de le regarder droit dans les yeux même dans ses moments les plus sombres. Bien que le film ne soit pas, à proprement parlé, inspiré de faits réels, le cinéaste précise qu’avec tout ce qu’il se passe en Chine, des histoires parfois si absurdes quʼil est difficile dʼimaginer quʼelles soient vraies, celle Black Coal a en elle, une réelle authenticité. Une authenticité renforcée dans le film par son récit installé dans une cité industrielle du nord de la Chine, où selon lui, la mémoire des lieux est plus présente et l'intrigue plus ancrée dans le réel. 

Ce goût du réel et de l’ancrage, Dia Yi’Nan la partage avec un autre grand auteur chinois qu’est Jia Zhang-ke. D’ailleurs Black Coal est sorti quelques mois après A Touch of sin et les deux films sont produits par le même productrice Vivian Qu. Tous deux abordent les risques de se retrouver en décalage de la marche de la société. La violence est aussi brutale et crue dans les deux films, mais le questionnement de Diao Yi’Nan est moins sociologique que tourné vers la curiosité humaine. Pour l’anecdote, l’acteur Liao Fan, qui a reçu l’Ours d’argent à Berlin pour Black Coal, et que l’on retrouve aussi dans Le lac aux oies sauvages, est aussi un acteur clé chez Jia Zhang-ke puisque ce dernier l’a casté quelques années après Black Coal pour jouer l’un des deux rôles clés de son grand film Les Eternels.

Ce film a trois titres. Comme souvent, le titre français est le moins intéressant et se réduit à une allusion à la première partie du film : le charbon noir qui emporte aux quatre coins de la province le corps disloqué d'un mineur. Le titre anglais lui, pousse plus loin ...

Il faut un certain temps pour se rendre compte que Black Coal, comme son titre nous l’indiquait pourtant, est avant tout une nouvelle déclinaison sur le film noir. Femme victime pouvant s’avérer fatale, flic déchu et alcoolique mélangeant solitude, passion et enquête pour ...

Autant prévenir, si mon titre peut amuser Black coal n’est vraiment pas une comédie (malgré quelques situations qui prêtent à sourire), mais un film noir (comme le charbon). C’est pourtant une sorte de « Feu d’artifice en plein jour » pour reprendre l’enseigne d’une ...