BLOW AWAY

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Blow Away est le titre d’un album de 1979 de George Harrison. L’expression signifie « Souffle loin » et peut se traduire par « Respire », comme le signifie une séquence de ce porno français produit et réalisé en 2018 par Anoushka. Un titre énigmatique pour un drame du couple qui dérive sur les sentiers ardus du thriller psychologique.

Eva tient une galerie parisienne. Théo est un écrivain en panne d’inspiration. Ils semblent au plus mal d’une crise relationnelle, jusqu’au jour où ils rencontrent Pénélope, jeune fille décomplexée, invitée à faire une performance de shibari dans la galerie d’Eva. L’artiste est d’abord loin d’un abord sympathique, mais le couple s’en entiche et part en vacances avec elle. La relation à trois s’élargit à Gaby, un auto-stoppeur poilu coiffé d’une crête rose fluo et de tendance queer, pourvu d’un clitoris. Le cercle des plaisirs s’agrandit encore avec l’arrivée de deux jeunes femmes et deux garçons, travailleurs du sexe en direction de Barcelone.

Sous les apparences joyeuse d’une fête sexuelle combinant toutes les possibilités érotiques, le scénario cache les ressorts plus troubles d’un thriller maladif. La chair est belle et convulsive, mais gangrenée. Produit pour Canal +, ce porno évite donc des personnages lisses et un récit gentiment léger pour s’aventurer dans des zones tortueuses. Cet effort méritoire nécessite un registre de jeu dramatique, qui contraste avec des scènes d’orgies et de happenings sortant de la routine et portées par une grande liberté érotique qui balaie les standards du porno hétéro.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AU-DELÀ DU DÉSIR (De Renato Polselli, 1972. Autre thriller mettant en scène un couple psychotique.) ou encore LES TUEURS DE LA LUNE DE MIEL (Autre couple uni dans le meurtre.).

La productrice et réalisatrice Anoushka avait retenu l’attention en 2017 avec un premier long métrage, Gloria, qui refusait déjà les vieilles recettes du porno traditionnel et présentait des performers de la scène berlinoise inspirés par une sexualité moins conventionnelle. Il marquait des débuts comme promotrice d’un porno revendiqué éthique et féministe.

Elle continua dans cette veine avec X Stories, composé de trois récits, qui s’éloignaient du discours un peu simpliste de Gloria. L’un des segments se teintait de mélancolie et filmait les ravages de la vie de couple. Avec Blow Away, Anoushka reste fidèle à son credo de porno éthique, glisse encore des éléments de revendication, presque didactiques, notamment sur l’identité de genre et le métier des travailleurs du sexe. Pour autant, elle ne tombe pas dans les nouveaux stéréotypes fabriqués par cette mouvance éthico-féministe et compose le portrait d’une héroïne tourmentée.

Le personnage masculin de Théo n’est pas non plus sacrifié. Il s’agit bien par Anoushka de la radioscopie d’une relation maladive. C’est peut-être dans cette vision délétère du couple que le propos d’Anoushka est le plus passionnant. Pour incarner Théo, happé et détruit par la noirceur d’Eva, le choix s’est porté sur Rico Simmons, comédien trop habitué aux seconds rôles, qui accède là à un personnage de premier plan difficile. Il joue juste, saisi d’effroi face à la folie de sa compagne.