ÇA TOURNE À MANHATTAN

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Ca tourne à Manhanttan de Tom di Cillo ancien opérateur de Jarmush est le prototype du petit film sorti de nulle part et qui devient culte et ceux qui l’ont fait avec. Ce film de 1995, devint populaire aussi parce qu’il mettait en scène sa propre existence, la difficulté de faire un film d’auteur indépendant, aux Etats-Unis. Evidemment il ne s’agit pas du making of d’un film de Tom DiCillo mais le réalisateur y a mis à avec un humour corrosif mais jamais déplaisant sur tout ce qu’il a pu connaitre d’un tournage galère. Ses efforts furent récompensés ainsi que ceux de l’équipe puisque ce film a fait le tour du monde des festivals et y a moissonné les prix. Notamment au Sundance de Redford où il a gagné un prix pour le scénario et au festival de Deauville dont il est revenu avec un prix spécial et le prix du jury. Ce serait à croire aussi qu’un film des années 90 avec Steve Buscemi porte toujours chance.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA NUIT AMÉRICAINE DE FRANÇOIS TRUFFAUT (1973) ou encore CHASSEUR BLANC COEUR NOIR DE CLINT EASTWOOD (1990) .

Les films sur les films sont un genre en soi qui permet cette célèbre mise en abyme  qu’affectionnent les cinéphiles.  Evidemment la référence en est « La nuit américaine » de François Truffaut. « Ca tourne à Manhattan » traque la mise en abyme sur le fond et la forme. Sur le rêve et la réalité. Reve on l’a vu étant le nom du metteur en scène excédé  joué par Buscemi. Le film qui porte comme titre original « Living in oblivion » lequel est le titre du film dans le film a été très complexe à monter. Il a même connu une interruption de tournage. A l’arrivée il aura fallu 16 jours de travail sur le plateau pour la modique somme de 500 mille dollars. A titre de comparaison il n’est pas rare qu’une production hollywoodienne nécessite trois mois de tournage pour un coup moyen de 40 millions de dollars. Les acteurs et une partie de l’équipe ont accepté de tourner gratuitement et certains sont même entrés en production. On a raconté que le rôle de Chad Palomino l’éphèbe du film interprèté par James LeGros était inspiré de Brad Pitt avec qui il est vrai il a un air de famille. C’était une thèse plausible d’autant que le premier film de Di Cillo « Johnny Suede » en 1991 était joué par Brad Pitt et l’avait révèlé. Mais Di Cillo et Legros ont démenti, Le Gros précisant simplement qu’il s’était moqué d’un acteur avec qui il venait de travailler. Le film vient en fait d’une courte histoire écrit par le cinéaste frustré de n’avoir pu monter ce qui deviendra son troisième film « Box of moonlight » une œuvre intimiste finalement jouée par John Turturo en 1996. Di Cillo est coutumier de l’analyse des films en cours ou en devenir, publiant des livres sur ses tournages, ainsi que des réflexions sur le cinéma. Il est très sévère avec l’establishment hollywoodien, ce qui indirectement est une des raisons pour lesquelles il a surtout travaillé en indépendant. On lui doit cinq autres films dont « Bad luck » et « Delirious » deux comédies échevelées avec  Steve Buscemi , et en 2009 une documentaire sur les Doors intitulé « When you’re strange ». Les  francs-tireurs sont comme les morts-vivants, ils reviennent toujours.