CANTIQUE DE LA RACAILLE

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Le film que vous vous apprêtez à découvrir a d’abord été un roman à succès sorti en 1994, récompensé du Prix de Flore. Mais sa particularité est d’avoir été mis en scène quatre ans plus tard par celui qui en avait été l’auteur : Vincent Ravalec. Né en 1962, Ravalec s’était fait connaître du monde des lettres avec un premier recueil de nouvelles, le bien nommé Un pur moment de rock’n roll. 

Cantique de la Racaille est un hommage à la fois respectueux et distancié au polar, genre que Ravalec vénère. A travers la mise en avant de la voix off du personnage principal, Gaston (alias Yvan Attal) Cantique se plie d’ailleurs immédiatement aux codes du genre. L’humour naîtra comme vous le verrez, du décalage qu’il existe la plupart du temps entre les pensées du héros et la réalité de ce qu’il vit. 

L’histoire nous conduit dans le sillage d’un looser qui galvanisé par la personnalité d’une jeune femme fatale, rêve d’ascension sociale, à la faveur d’un business de revente de magnétoscopes tombées du camion. Dans un premier temps, sa réussite va le propulser dans un milieu de voyous en costard, adeptes d’échangisme, sans savoir si leurs manières le bluffent ou le dégoutent. L’issue ? On vous laisse la découvrir !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FEMME DU VÈME (2011) (Parce qu'il y est question aussi d'une femme fatale) ou encore COEURS PERDUS (2006) (Une autre histoire de couple sulfureux...).

Vincent Ravalec avait tourné quelques courts-métrages avant Cantique de la Racaille. Sa maîtrise de la caméra était évidente, il avait également œuvré comme assistant sur quelques films, pour Luc Besson notamment. Mais interviewé durant le tournage par M6, il s’ouvrait de manière très franche sur ses doutes. “Le cinéma c’est un peu lourd pour moi, je n’ai pas la légèreté nécessaire qu’il me semble avoir lorsque j'écris. C’est un plaisir d’écrire, le cinéma ça me coûte, c’est quelque chose de fatiguant. Je sais comment fonctionne ce genre de “machine”, mais la technique ne m’intéresse pas. Il n’est pas certain que je refasse un autre film”, concluait-il, mais là il se trompait, puisqu’il replongerait quelques années plus tard.

Cantique de la racaille est intéressant du point de vue du casting. Yvan Attal a déjà une bonne dizaine d'années d'expérience derrière lui et un César du meilleur second rôle pour Un monde sans pitié d’Eric Rochant. La surprise vient de la présence de sa partenaire, Virginie Lanoué, inconnue auparavant et perdue de vue après, excellente pourtant dans la rôle de la rousse qui fait perdre la tête à notre “héros”. Elle est devenue coordinatrice de Collection pour Isabel Marant. 

Dans les rôles secondaires, très nourris, on note notamment la présence de Philippe Nahon, hélas disparu en 2020 à l’âge de 81 ans. Il avait débuté dans Le Doulos de Jean-Pierre Melville (1962), avant de travailler essentiellement pour la télévision. En 1992, on le redécouvrait dans Carne, un moyen-métrage de Gaspar Noé qui lui renouvelait son admiration et sa confiance dans Seul contre tous en 1999. Entre les deux, il devenait une pièce indispensable dans le cinéma de la jeune génération, de Guillaume Nicloux (Une affaire privée) à Mathieu Kassovitz (La Haine), en passant par Jacques Audiard (Un héros très discret). A noter aussi la présence de Brigitte Sy, mère de Louis Garrel et enfin de Jean Louis Richard, associé à la nouvelle vague comme acteur (A bout de souffle, La Peau douce) ou comme coscénariste de François Truffaut (La mariée était en noir). En 1974, il avait signé Emmanuelle pour Just Jaeckin.