Réalisateur : Hubert Woroniecki.
Casting : Cindy Crawford, Gisele Bündchen, John Casablancas, Linda Evangelista, Naomi Campbell, David Letterman, Oprah Winfrey. Stephanie Seymour
Synopsis : Issu d'une famille d'industriels espagnols, qui a choisi l'exil quand Franco a pris le pouvoir, John Casablancas n'a jamais manqué de rien. Mais au sortir d'une enfance dorée, plutôt que de prendre la suite de ses parents, il décide, par amour des femmes, de monter une agence de mannequins. Après une première tentative infructueuse, il lance l'agence Elite. Plutôt que de multiplier les contrats, il choisit de consacrer son énergie à une poignée de mannequins choisies sur le volet, pour en faire des superstars. C'est ainsi qu'il engage Naomi Campbell, Cindy Crawford, Linda Evangelista ou Kate Moss...
Scénario : Hubert Woroniecki.
Musique : David Sztanke.
Pays : France
Tags : Documentaire, de moins de 90 minutes, Haute couture.
Casablancas, l’homme qui aimait les femmes sonne agréablement à l’oreille du cinéphile. Mais soyons clair, le film n’a aucun rapport avec Casablanca, le chef d’œuvre de Michael Curtiz, avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, ni avec L’Homme qui aimait les femmes, le très vibrant plaidoyer de François Truffaut pour le sexe faible. Casablancas est un documentaire sur l’homme portant cet élégant patronyme, par ailleurs créateur de l’Agence Elite, où ont été réunies les mannequins les plus en vue des années 90, Cindy Crawford, Stephanie Seymour, Naomi Campbell, Linda Evangelista...
Le film est donc un documentaire, qui nous offre des tas d’images d’archives sur les riches heures de cet homme auquel s’intéressaient bien sûr les médias. Mais ces images sont précédées par des films de famille, sortis de ses archives personnelles, notre homme ayant eu la chance d’être immortalisé sous toutes les coutures et à tous les âges par son père. Manquent quand même quelques témoignages de moments clé : les auteurs du film ont pallié cet inconvénient en insérant des dessins, au demeurant plaisants. La continuité étant par ailleurs assurée par la voix off, qui est celle de Casablancas lui-même.
Ce qui fait que c’est véritablement un portrait de ce magnat de la mode qui nous est offert, moments intimes et témoignages de son triomphe professionnel confondus. Les moments de doute, les pannes professionnelles ne sont pas laissées dans l’ombre, mais le ton est quand même globalement à l’hagiographie, sentiment renforcé par le fait que c’est le principal intéressé qui s’adresse directement à nous.
Ce qui est passionnant quand on se penche sur l’itinéraire de John Casablancas, c’est qu’il s’agit d’un roman du siècle. Notre homme est un parfait exemple de ces baby-boomers nés à la fin de la guerre. Son destin a d’ailleurs été fortement marqué par les remous de l’Histoire, puisque sa famille, d’origine espagnole, a dû quitter le pays lorsque Franco a mis la république à bas. Casablancas est un enfant des années 60 et 70, ces années folles au cours desquelles tout était possible pour ceux qui n’avaient pas froid aux yeux. Il s’est perdu dans un tourbillon de fêtes, d’argent et de jolies filles, personne ne le plaindra. Mais le film n’insiste pas beaucoup sur la face sombre du personnage, faisant remarquer de façon anodine que Stephanie Seymour avait seize ans quand il partageait sa couche, alors qu’il en avait 42.
La force du film est bien entendu de nous plonger au milieu du monde des mannequins, un univers sans doute fascinant, mais tout aussi angoissant tant il semble déconnecté du réel. D’entrée de jeu, un carton d’introduction signé Frédéric Beigbeder, grand connaisseur des arcanes du milieu, dont le second film, L’Idéal, dénonce et caresse à la fois les outrances. Casablancas est un film à la première personne, qui ne laisse pas de place à un regard extérieur. Dont acte. Le réalisateur, Hubert Woroniecki se voyait d’ailleurs davantage conteur d'histoires que journaliste. Il a personnellement côtoyé Casablancas, mais il reconnaît que le déclic du film lui est venu en voyant The Kid Stays in the Picture, un documentaire consacré à Robert Evans, producteur et wonder boy du Nouvel Hollywood.