CHACUN CHERCHE SON CHAT

en VOD

« J’ai arrosé tes fleurs pendant tes vacances, tu pourrais bien t’occuper de mon chat ». C’est ainsi que commence l’histoire de Chloé la jeune Parisienne, maquilleuse de son état, qui a décidé de prendre quelques jours de vacances sans son chat… Et cette situation inspirée dune histoire vraie qui était arrivée à l’une de ses amies habitant le 11ème arrondissement de paris, Cédric Klapisch souhaitait d’abord la raconter sous la forme ramassée du court métrage. Un court métrage essentiellement sur ce quartier de Paris qui prendrait comme prétexte la recherche d’un chat égaré. Mais, au fil de la préparation du film et des repérages successifs, le scénario s’est considérablement enrichi à travers de nouveaux lieux, de nouvelles anecdotes et de nouveaux personnages. Les producteurs du court métrage décidèrent alors que la matière ainsi rassemblée justifiait pleinement le passage au long métrage. Transformation que le cinéaste se plut à résumer ainsi : « Il a juste fallu passer d’un court métrage cher à un long métrage pas cher ! »

Si le onzième arrondissement de Paris demeure l’un des personnages principaux du film, Chacun cherche son chat confirme l’amour de Cédric Klapisch pour les acteurs et sa fidélité à l’égard de certains d’entre eux. On retrouve ainsi au moins trois figures connues du petit monde de Cédric Klapisch : l’actrice Renée Le Calm en premier lieu qui joue Madame Renée et que l’on pouvait déjà voir dans le second long métrage du cinéaste, Le Péril jeune, même si son nom ne figure pas au générique ! Egalement présent l’alter ego du cinéaste, Romain Duris, lui aussi présent dans Le Péril jeune et qui par la suite sera notamment la tête d’affiche de L’Auberge espagnole. Enfin, Zinedine Soualem, l’amoureux secret de Chloé, figure récurrente du cinéma de Klapisch que l’on retrouvera aussi bien dans Un air de famille que dans Les Poupées russes.

C’est le onzième arrondissement que Cédric Klapisch a choisi pour y perdre le chat de Chloé. Un vrai quartier avec ses habitants authentiques et typiques d’un Paris qui tend désormais sinon à disparaître du moins à perdre de son authenticité. A telle enseigne d’ailleurs que Madame Renée joue en fait son propre rôle, tout comme Madame Odile. En fait, la moitié des personnages filmés par Klapisch et intégrés à son récit ne sont pas des acteurs professionnels. Mais ils ont en commun de vivre au quotidien dans ces rues le cinéaste aime manifestement filmer : rue de Lappe, rue de la Roquette, rue des Taillandiers, rue Keller, rue de Charonne… Il est temps d’y partir…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver QUEEN OF MONTREUIL (Comme Cédric Klapish, Solveig Anspach fait d'un lieu populaire, un quartier de Montreuil en banlieue parisienne, l'un des personnages principaux de son film et l'occasion de donner vie à de vrais personnages au tempérament affirmé.) ou encore L'ARMOIRE VOLANTE (Certes, dans le film de Carlo Rim, c'est sa tante décédée que Fernandel cherche, et non un simple animal, mais comme l'héroïne de Klapisch, il fera lui aussi de drôles de rencontres dans sa longue recherche...).

C’est à son actrice principale Garance Clavel que l’on doit cette analyse pour le moins pertinente du film de Cédric Klapisch : « Chacun cherche quelque chose, quelqu’un et son chat ! Dire qu’une idée aussi stupide et charmante que le fait de perdre son chat, peut pratiquement révolutionner un quartier et changer la vie d’une petite jeune fille, perdue au milieu de la foule, changer la vie de deux générations, l’une qui cherche ses souvenirs, l’autre qui s’en fout ! ». Le prétexte du chat Gris-Gris qui s’est perdu permet en effet au scénariste et cinéaste de multiplier les rencontres impromptues et les points de vue les plus divers, sans donner l’impression d’artifice. La plupart des personnages qui peuplent le film ont été rencontrées par hasard.

Ce fut notamment le cas de Kristelle, celle qui chante Paris, c’est une blonde, à la fin du film. Mais les autres musiques retenues par le cinéaste illustrent une volonté de diversité pour mieux s’affranchir des évidences musicales et des clichés que Paris pourrait véhiculer, et Klapisch d’expliquer ainsi ses choix musicaux : « Si vous mettez de l’accordéon sur les images d’une rue parisienne, en fait, ça jure. Pour échapper à ça, il n’y a décidément que l’intuition, le feeling… ». D’où une bande son qui mêle avec hardiesse une fanfare locale, de la techno industrielle, un air de fado angolais chanté par Bonga, « un blues africain hors espace et hors temps » selon Klapisch, sans oublier l’extrait d’un Nocturne de Chopin. Le tout illustrant la diversité d’un quartier parisien sur lequel le cinéaste porte un regard attendri.

Trois ans après cette fantaisie parisienne, en 1999, Cédric Klapisch imaginera pour son film intitulé Peut-être une capitale parisienne du futur, envahie par les sables  et dont les habitants s’appellent Belmondo, Duris, Emmanuelle Devos, Vincent Elbaz… Presque dix ans plus tard, C’est à nouveau un retour à Paris avec un film tout simplement intitulé Paris et dans lequel Pierre, un danseur professionnel incarné par Romain Duris, victime d’une maladie cardiaque, passe ses journées à observer des Parisiens anonymes. Pas de doute, pour Klapisch, Paris est bien la ville Lumière, une ville de cinéma qu’il filme comme une actrice dont il serait définitivement amoureux.

Les derniers feux du Paris populaire, que les Clair, Carné ou Duvivier ont souvent filmé, d'un ça c'est Paris, d'un Paris qui ne sera plus, d'un village au centre de la grande ville où le lien social n'est pas impossible, d'un Paris qui perdra son âme, sa raison d'être, sous ...

Chloé, une jeune maquilleuse un peu repliée sur elle-même, habite seule dans un appartement à Paris rue de la Roquette, tout près de la Place de la Bastille. En fait elle n'est pas tout à fait seule car son chat Gris-Gris lui tient compagnie. Mais voici que les vacances ...

J'étais resté déçu récemment par la découverte du très moyen "Ce qui nous lie", et ça m'a fait vraiment plaisir de retomber sur un Klapisch comme je les aime. "Chacun cherche son chat" constitue un petit divertissement sans prétention, mais ...