CIBLE ÉMOUVANTE

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Pierre Salvadori a tout de suite occupé une place à part dans le cinéma français. Une manière invariablement mélancolique de se montrer drôle. Et ceci est vrai dès les premières images de Cible émouvante, avec un Jean Rochefort impassible et raide dans son costume cravate sombre, enjambant l’air de rien le corps d’un homme tombé d’une fenêtre, tout en répétant consciencieusement ses verbes irréguliers anglais : "To fly, flew, flown…"

Nos confrères de Télérama l’ont déclaré « meilleur pâtissier du cinéma français ». Et c’est vrai qu’il y a chez lui une façon de cuisiner le sucre sans jamais trop en ajouter. D’accommoder les fruits sans que jamais ils ne perdent de leur saveur, de leur croquant. La comédie est un art délicat et cet admirateur d’Ernst Lubitsch maîtrise les dosages comme personne.

Cible émouvante est l’histoire d’un tueur à gages, vieux garçon corseté vivant encore chez sa maman, qui voit sa vie bouleversée, le jour où son coeur s’emballe pour la jeune femme qu’il est censé liquider. Une sorte de syndrome de Stockholm, mais à l’envers. C’est justement ce qui rend le cinéma de Salvadori attachant : cette façon unique de dépeindre les faiblesses humaines avec une bienveillance de moniteur de colo de vacances. Bon film

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES APPRENTIS (Pierre Salvadori y exprimait une nouvelle fois son goût des histoires qui se déroulent dans un triangle amical et amoureux.) ou encore ASSASSIN(S) (Après Pierre Salvadori, Matthieu Kassovitz y racontait aussi l'amitié entre un tueur à gages et un jeune qu'il entreprenait de former à son métier.).

Bien des années après sa sortie, on redécouvre Cible émouvante avec une émotion intacte. Le coeur qui bat dans cette petite pièce d’horlogerie artisanale semble tout au plus frappé d’une forme d'arythmie, car entre-temps on a sans doute appris à écrire plus serré, plus concis. Pourtant, c’est aussi cette manière que Salvadori a de prendre son temps pour nous présenter ses personnages, qui font de cette comédie un modèle d’observation et de délicatesse.

A l’époque, Guillaume Depardieu, 22 ans, n’a fait qu’une apparition, déjà remarquée, dans Tous les matins du monde d’Alain Corneau. Ici, sa fragilité, sa candeur, sa disponibilité envers son “tuteur à gages”, font merveille. Il ne joue pas, il est vrai Guillaume, tout entier dévoué à l’idée d’aimer et de se faire aimer.

Marie Trintignant, actrice somnambule, balade ici sa nonchalance avec une émotion et un sens du comique stupéfiants. On comprend que Pierre Salvadori ait trouvé en elle l’interprète idéale de son univers suspendu. Elle le retrouvera deux ans plus tard dans Les apprentis, toujours au côté de Guillaume Depardieu et cette fois François Cluzet. Encore une histoire de triangle amoureux.

Honte sur moi, j'ai trahi mon pays en regardant avant l'hilarant remake anglais "Petits meurtres à l'anglaise" avant l'original "Made In France" qui est lui aussi très drôle et devant lequel on a du mal à cacher son plaisir du début jusqu'à la fin. Dialogues aux petits oignons, ...

janv 2011: "Cible émouvante" est le premier film de Pierre Salvadori que j'ai vu. Harponné par la toute première scène : Jean Rochefort récitant ses verbes irréguliers anglais, entrant dans un immeuble, un type manifestement défenestré tombant sur le perron et Jean Rochefort ...

Le premier film de Salvadori n’a pas déplacé les foules, et pourtant, ce petit récit loufoque et sans prétention réunissait le trio improbable Marie Trintignant-Jean Rochefort-Guillaume Depardieu. Les 15 premières minutes mériteraient à elles-seules d’entrer au panthéon ...