CINÉPHILES DE NOTRE TEMPS - 3ÈME PARTIE

en VOD

La cinéphilie qu’est-ce que c’est? D’après Laurent Chollet, historien du cinéma, il s’agit avant tout d’une passion typiquement française qui prend son essor à la fin de la Seconde Guerre Mondiale avec l’arrivée massive de films américains. De fil en aiguille, les spectateurs passionnés se transforment en analystes, en théoriciens, en historiens. Ils s’organisent en bandes, lancent des journaux, ouvrent des salles de cinéma, se font concurrence, et militent avec une passion qui pousse certains d’entre eux à réaliser eux-mêmes des films. Tout un pan de cette génération donnera la Nouvelle vague, représentée par Godard, Chabrol ou Truffaut, qui, après avoir écrit sur les films qu’ils aimaient, ont mis en application les principes qu’ils défendaient. Mais d’autres cinéphiles ont suivi d’autres voies, et leur influence est toujours forte aujourd’hui.

Laurent Chollet s’est appliqué à raconter cette histoire, qui court sur plus de six décennies. Il lui a fallu trois ans de préparation, des centaines d’heures d’interviews avec les principaux acteurs de cette saga, le tout raconté par Eddy Mitchell et assorti d’extraits de films, de documents d’époque, d’un accompagnement musical. Six heures d’histoire passionnante qui incitent à s’interroger soi-même sur sa propre cinéphilie.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE GRAND SILENCE (Un milieu social très particulier : la vie des moines dans une abbaye.) ou encore LES CINÉPHILES LE RETOUR DE JEAN (Evocation d'une branche de la cinéphilie par un compagnon de route de Serge Daney).

A l’heure où l’internet et la VOD donnent l’illusion que tout est disponible immédiatement, ce documentaire intitulé Cinéphiles de notre temps remet les pendules à l’heure: il montre en effet que la cinéphilie est une question de temps. Question d’époque d’abord, puisqu’elle est née dans des circonstances et à une période très précise, les années 40. Pendant 5 ans, les spectateurs français avaient été privés de films américains, les salles n’étant autorisées à programmer que des productions françaises ou allemandes. A partir de 1945, plus de 2000 films ont été déversés d’un seul coup dans les salles françaises. Ils comprenaient tous les films produits pendant les cinq années précédentes, mais aussi toute la production en cours, sans oublier les films d’avant qui avaient été bloqués comme Autant en emporte le vent.

C’est le début d’une vraie histoire d’amour entre les Français et le cinéma : 470 millions de tickets sont vendus en 1947, soit plus du double des entrées d’aujourd’hui. Cette période très faste donne lieu à un mouvement qui prend sa source dans la jeunesse.

Truffaut en est un peu l’archétype, lui qui séchait l’école pour voir des films. Avec un complice, il faisait la tournée des cinémas de Paris pour voler les photos, comme il le racontera plus tard dans Les 400 coups.

Si Truffaut faisait partie d’un groupe qui a fondé Les Cahiers du cinéma, à Lyon un autre groupe fondait de son côté Positif, tandis qu’une bande d’amis du lycée Carnot formait ce qui sera connu plus tard sous l’appellation des Macmahoniens parce qu’ils se réunissaient au cinéma MacMahon, toujours en activité. Un autre groupe, dont faisait partie un certain Bertrand Tavernier, s’est fait aussi une réputation en programmant les séances du Nickelodéon.

Ils ont établi un modèle du cinéphile acharné, prêt à organiser des expéditions de l’autre côté de la frontière pour aller voir les films qui ne passaient pas en France.

Avec le temps, et au fil des décennies, la passion s’est transmise, et les passeurs sont encore en activité. La plupart d’entre eux sont encore là pour témoigner. Ils sont enseignants, écrivains, journalistes, attachés de presse, cinéastes, programmateurs de festival. Ils ont contribué à légitimer des gens aussi variés qu’Alfred Hitchcock, Clint Eastwood ou John Woo. Ils sont toujours de notre temps.

La cinéphilie est un terme désignant l'amour du cinéma. Le mot est étymologiquement ancien, issu des années 1910, mais il s'est considérablement développé après la Seconde Guerre Mondiale, période où les Majors américaines pouvaient enfin sortir leurs films inédits ...