COLT 45

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Il y a une vraie tradition du polar français. Il a même été dominant dans le genre à partir des années 60 – notamment grâce à Jean-Pierre Melville ou Henri Verneuil – et pendant une trentaine d’années jusqu’au sublime L.627 de Bertrand Tavernier. Au début des années 2000, c’est Olivier Marchal qui, fort de sa propre expérience dans la police, signe le revival du genre en réalisant 36 Quai des orfèvres pour le grand écran puis quelques années plus tard, pour le petit, avec la série Braquo. Et le genre n’est pas près de mourir : Colt 45 lui donne même un petit coup de fouet.

Vincent, un jeune instructeur et expert armurier de la police, pas manchot quand il s’agit de tirer mais refusant obstinément d’aller sur le terrain, rencontre Milo Cardena, un flic, certes, mais surtout un fou de la gâchette. Dans un échange de bon procédé, Vincent va devoir fournir Milo en munitions. Des balles très spéciales… qu’on retrouve bientôt dans une série de braquages. Une enquête est lancée pour arrêter les malfaiteurs. Le commandant Chavez prend l’investigation en main, aidé de Vincent qui n’est pas dupe. Mais tout devient de plus en plus violent, morbide et c’est une guerre des polices qui éclate.

Alors si vous voulez voir Joey Starr, Simon Abkarian et Gerard Lanvin, flingues à la main et le verbe haut, défourailler dans l’un des films les plus sombres que la France ait livrés, c’est vers Colt 45 qu’il faut vous tourner. Cela vous permettra aussi de découvrir Ymanol Perset, jeune acteur qui tient méchamment la route face à des acteurs bien plus expérimentés que lui. Une véritable révélation en soi.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver 36 QUAI DES ORFÈVRES (Olivier Marchal, ancien flic, redore le blason du polar français en 2005.) ou encore IRRÉVERSIBLE (Le film coup de poing de Gaspar Noé bénéficie aussi du talent du chef opérateur belge Benoît Debie.).

Colt 45, polar français, oui évidemment. Il a été produit par le célébrissime fils de Claude Berri, Thomas Langmann, celui-là même qui a produit The Artist de Michel Hazanavicius et le fameux diptyque que Jean-François Richet a consacré à l’ennemi public n°1, Mesrine. Mais derrière la caméra, le réalisateur n’est pas français. Fabrice du Welz, ça vous dit forcément quelque chose ? Révélé en 2004 avec Calvaire, époustouflant film de genre – voire film d’amour complètement déviant –, ce cinéaste belge a, depuis, tracé sa route à coups de films plus hypnotiques les uns que les autres, avec des univers asphyxiants et ésotériques. Colt 45 ne déroge pas à la règle même s’il est bien plus ouvert au grand public, on est d’accord.

De ses précédents films, Du Welz a non seulement ramené le goût du dark, mais il a aussi emmené sous son bras Philippe Nahon et Joe Prestia, qu’il avait déjà dirigés dans Calvaire. Mais surtout Benoît Debie, chef opérateur belge de Calvaire et de Vinyan (le deuxième film de Fabrice Du Welz), connu aussi pour ses collaborations avec Gaspar Noé, puisqu’il avait largement contribué aux univers hyperanxiogènes d’Irréversible et d’Enter The Void. Bref, l’un des plus grands chef op’ européens.

À noter aussi que le scénario de Colt 45 a été écrit par Fathi Beddiar, ancien journaliste dans divers magazines de cinéma – dont Mad Movies, mais aussi sur FilmoTV –, et spécialiste des polars, des univers sombres des flics, des voyous et de leur pouvoir cinématographique. Avec tout ça, Colt 45 a tout pour gagner, n’est-ce pas ? Un scénariste hyper spécialisé, un chef opérateur révéré, un réalisateur à la patte visuelle très spéciale… Sachez tout de même que le tournage du film ne s’est pas toujours déroulé dans l’ambiance la plus sereine. Et de nombreux heurts entre production et le metteur en scène ont entaché les prises de vues… Tant et si bien que la sortie du film en salles, en août 2014, a été très discrète, avec une promo réduite à son minimum syndical.

Remarqué avec le dérangeant et réussit Calvaire puis après avoir confirmé l’essai avec Vinyan , Fabrice Du Welz revient dans un registre différent avec Colt 45. Fort d’un budget de 10 millions d’euros, le réalisateur a du faire face à un tournage plus difficile car ...

Après l'expérience Vinyan, Fabrice Du Welz, réputé pour son Calvaire, a circulé entre différents pays et projets pendant plusieurs années. Il a fini par s'atteler à la conception de Colt 45, produit correspondant à sa volonté d'évoluer vers un cinéma plus 'humble' (et ...

Vincent Milès (Ymanol Perset) est un jeune armurier dont le nom est empreint d’une lourde charge symbolique. Après avoir remporté le championnat du monde de course avec tir sur cible, il est très sollicité pour intégrer différents services de police d’élite. Problème, ...