CROSS THE LINE

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Nommé à trois Goya pour son casting sans faille, Cross the Line de David Victori est un thriller haletant qui ne lâche pas une seconde son personnage principal, mettant, de force, le spectateur dans sa peau à l’occasion d’une nuit qui va très, très mal tourner.

Dani est un jeune Barcelonais bon mais taciturne, qui a consacré ces dernières années à prendre soin de son père malade. Après la mort de celui-ci, il décide de se lancer dans un tour du monde. Juste avant de partir, il rencontre par hasard Mila, une jeune femme terriblement attirante mais visiblement instable qui va transformer l’aventure d’une nuit en un cauchemar éveillé.

Tendu, électrique, intense sont autant d’adjectifs pour décrire l’ambiance de ce deuxième film pour David Victori qui met ici en scène la nouvelle coqueluche du cinéma ibère, Mario Casas. Le jeune acteur y démontre une nouvelle fois tout son talent d’acteur ambigu aussi doux à l’extérieur que dingo en dedans.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver VICTORIA DE SEBASTIAN SCHIPPER (Une histoire de mauvaise rencontre, de mauvais choix, dans des couleurs très fluos sauf qu'ici tout se passe en temps réel) ou encore INSIDE D'ANDRÉS BAIZ (Là aussi il est question de tomber sous le charme de la mauvaise personne...).

En 1985, Martin Scorsese plongeait l’acteur Griffin Dune en pleine soirée de cauchemar. Dans After Hours, le réalisateur aux épais sourcils filmait un homme passant la pire nuit de sa vie après avoir rencontré Marcy, une jeune femme jouée par Rosanna Arquette. Et Cross the line suit peu ou prou ce même système. Celui de la plongée en enfer voulu par un choix terriblement malencontreux d’un personnage alors en position de faiblesse. Ici, il s’agit de Dani, un jeune homme bien sous tout rapport, un peu timide cependant, qui a dédié les dernières années de sa vie à s’occuper de son père mourant. Il est incarné par le jeune Mario Casas, nouvelle coqueluche du cinéma ibère.

Le jeune homme de 34 ans a déjà un CV bien rempli. Notamment par Alex de la Iglesia pour qui il a joué trois fois, dans Les Sorcières de Zugarramurdi, Mi gran noche et El Bar mais aussi chez Les 33 de Patricia Riggen ou encore Chez moi d’Alex et David Pastor. A travers ses rôles, Mario Casas semble développer un personnage qui lui est propre, qui a l’image du garçon innocent, bien sous tous rapports, qui cache en réalité une personnalité bien dérangée. Le meilleur exemple, jusqu’à Cross The Line était encore Irrémédiable de Carles Torras où il incarnait un jeune homme récemment handicapé qui n’acceptait pas de perdre sa copine et tentait vraiment tout, et même le pire, pour la récupérer.

Et ce basculement moral, David Victori l’a bien compris dans son film puisque Cross the line, en VO, No Mataras - soit Tu ne tueras point, qui joue encore davantage sur l’aspect moral et cérébral du film - commence doucement. Comme une renaissance, un film sur le renouveau d’un être qui s’est trop éteint pendant une longue période. Mais quand il bascule, à partir de la rencontre avec la jeune Mila, il n’y a pas de retour en arrière, le film jouant et abusant des ruptures de ton, des plans séquences irrespirables, des flous et des profondeurs de champ ainsi que du Steady-Cam pour toujours mieux nous immerger dans le cauchemar de son héros. Le point d’orgue de cette immersion vient de la musique, passant de la douce pop à une électro stridente et électrisante, et de la lumière, un jeu éblouissant de fluos à nous faire perdre la raison. Comme ce pauvre Dani.

Cross The Line est tout ce que j’aurais pu espérer. Le pitch est simple, c’est l’histoire d’un mec qui rencontre une jeune femme. Très attirante, le grand timide se laisse embarquer dans une folle aventure qui va virer au drame. Thriller urbain, le pauvre Dani va devoir ...

Avec son affiche qui ressemble à la couverture d’un album de synthwave, Cross The Line pourrait presque passer pour une science-fiction. Eclairé par beaucoup de néons aux couleurs crues et vives, le film se dote d’une identité visuelle remarquable. La transition entre l’intérieur ...