DANCE WITH A STRANGER

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Dance with a Stranger est le troisième film pour le cinéma de Mike Newell. Dans son premier film, La Malédiction de la vallée des rois (The Awakening), Charlton Heston découvrait que sa fille était possédée par l’esprit d’une reine de l’Egypte antique. Le second, Bad Blood, était l’adaptation d’un fait réel : une chasse à l’homme en Nouvelle-Zélande, durant la Seconde Guerre mondiale.

Newell en était donc à son troisième film, mais était tout sauf un débutant. A 41 ans, il comptait déjà près de 50 longs métrages tournés pour la télévision ! Tous ses compatriotes et contemporains construisaient alors leur carrière au rythme des commandes de la BBC ou de Channel-4, même si les chefs de file avaient déjà produit leur premier coup d’éclat. Ken Loach  avec Kes, dès 1969 et sa présentation remarquée à Cannes à la Semaine de la Critique ; Mike Leigh avec Bleak Moments en 1971, qui devra attendre 1996 (et la Palme d’Or de Secrets et mensonges) pour obtenir la consécration. Ou encore Stephen Frears et son Gumshoe en 1971, même si c’est en cette même année 1985 qu’il explosera avec My Beautiful Laundrette.

La carrière de Newell sera, elle, définitivement lancée avec le triomphe planétaire de Quatre mariages et un enterrement en 1994, révélant Hugh Grant et Rowan Atkinson.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FEMME D’À CÔTÉ (FRANÇOIS TRUFFAUT, FRANCE-1981) ou encore VERA DRAKE (MIKE LEIGH, 2004) .

Outre les très grandes qualités artistiques de Dance with a Stranger, qui valurent de nombreux prix à Mike Newell et à ses interprètes (à commencer par le Prix de la Jeunesse à Cannes), ce biopic bénéficie d’une force émotionnelle décuplée par sa dimension exemplaire et véridique. En effet, Ruth Ellis (née Neilson) a bien existé. Elle fut même la dernière citoyenne britannique a être condamnée à la peine de mort et exécutée.

Petites corrections historiques : le véritable David Blakely, outre ses goûts de luxe et sa consommation irraisonnable d’alcool, était un homosexuel notoire et Ruth le savait. C’est après qu’il l’ait tabassée que Ruth perdit, en fausse couche, l’enfant qu’elle attendait de lui. A noter qu’elle était déjà mère de deux enfants : Andy et une petite Georgina, 7 ans plus jeune. Enfin, Desmond Cussen était, lui, bel et bien amant de Ruth, et haïssait Blakely. C’est lui qui fournit l’arme à Ruth et la conduisit sur le lieu du crime.

En Angleterre, la notion de "crime passionnel" est irrecevable. "La passion ne semble admise ici que pour le pari et le cricket" ironisait à l’époque un journaliste français. Jamais Ruth Ellis n’a nié les faits ou tenté de fuir ses responsabilités. Elle fut pendue le 13 juillet 1955. Elle avait 28 ans. Sa sœur, son ancien mari et son fils se suicidèrent dans les années qui suivirent.

Sa mort devait provoquer une énorme polémique. Plus de 50.000 personnes signaient une demande de clémence, l’éditorialiste du Daily Mirror, le jour même de l’exécution, pleurait la perte de dignité du genre humain face à une telle exécution. Cet événement favorisa fortement les démarches des abolitionnistes de la peine de mort. Pour l’anecdote, la véritable Ruth, qui était alors call-girl pour entretenir sa famille, apparaît furtivement dans le film Lady Godiva Rides Again tourné en 1951.