Réalisateur : Christophe Ruggia.
Casting : Clovis Cornillac, Mathilde Seigner, Yvan Attal, Abel Jafri, Azouz Begag, Céline Sallette, François Négret, Gilles Masson, Jean-Baptiste Fonck, Jean-Philippe Meyer, Marc Brunet. Nelly Antignac
Synopsis : Dans la région de Marseille, un patron prépare à l’insu de ses ouvriers la délocalisation de son usine, couplée avec un détournement de 2 millions d’euros. Franck, l’un de ses salariés l’apprend et, sans en parler à sa femme Hélène, décide avec Max, son ami de toujours, de passer à l’action...
Scénario : Christophe Ruggia.
Musique : Michael Stevens.
Pays : France
Tags : Policier / Suspense, Cavale, Drame, Thriller policier, course automobile, Corruption, Marseille, Ouvriers.
Christophe Ruggia s’est imposé dans le cinéma français avec deux films sur l’enfance. le Gone du Chaaba (adaptation de l’autobiographie d’Azzouz Begag) et Les Diables. Ces deux portraits d’enfants, aux sujets larmoyants, réussissaient le tour de force d’éviter le bazar émotif. Avec Dans La Tourmente il change de registre. Patrons voyous, délocalisations sauvages, commissions occultes dont la fange vient éclabousser les sommets de l’état… On connait ça par coeur et l’actualité nous le rappelle tous les jours.
Ruggia s’empare donc d’un sujet brûlant dans ce qui est d’abord un thriller social, héritier du cinéma des année 30 qui trempait plumes et caméras dans la misère ouvrière pour en tirer des chef d’oeuvres mélancoliques et engagés. C’est sans doute l’aspect le plus fort du film, et Ruggia sait capter sur le visage de ses interprètes (tous miraculeusement très justes) l’angoisse, la haine et le désespoir. Il faut voir Yvan Attal à moitié cinglé jouer avec les poissons au début du film ou Cornillac contenir sa rage pour mesurer le désespoir qui mine les exclus.
Pourtant, très vite pointe le spectre de l’Angolagate, de l’affaire Clearstream ou de Karachi... Et Dans La Tourmente change de braquet. Le cinéaste réussit des scènes improbables (la fête ou la manif), excelle dans le portrait (on l’a dit) mais bloque sur une chasse à l’homme finale dans des calanques chauffées à blanc. Lorsque Ruggia passe à l’action pure, il tourne le dos à la vraisemblance qui faisait jusque là la force du film. L'ouvrier un peu naïf se révèle actioner hors pair, capable de mettre en échec les unités d'élite de la police et des services secrets français. Ruggia est finalement meilleur quand il navigue dans les eaux troubles et poétiques de Renoir ou Belvaux, moins à l’aise quand il joue à Tom Clancy. Dans La Tourmente a néanmoins le mérite de pousser un cri, de mettre en lumière une population délaissée par le cinéma et surtout de mettre en image ce moment où le discours politique et syndical cède le pas à la rébellion.
Nous avons ici typiquement le film de braquage à la française, où l'on s'attarde moins sur le casse en question mais bien plus sur ses conséquences et la profondeur de ses personnages. En ligne de mire, la délocalisation de nos usines à l'étranger et ses milliers d'employés ...
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