DARLING LILI

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Depuis Greta Garbo dans Mata-Hari jusqu'à Alliés avec Marion Cotillard, le personnage de l'espionne en temps de guerre a toujours incité les scénaristes à exploiter le thème inusable de la tentative de séduction qui tourne trop bien. C'est encore une fois le cas avec ce film écrit par William Peter Blatty, fidèle collaborateur de Blake Edwards et futur auteur de L'exorciste.

On y voit Julie Andrews incarner une espionne allemande qui se fait passer pour une chanteuse pendant la Première Guerre Mondiale. Lorsqu'elle reçoit pour mission de séduire un aviateur joué par Rock Hudson afin de lui soutirer des informations, les sentiments prennent le dessus sur la raison d'Etat, mais comme on est chez Blake Edwards, le ton est plutôt à la comédie désinvolte.

Tourné pour un gros budget, le film mélange les séquences spectaculaires d'aviation avec des numéros de comédie musicale, épicés de scènes de cabaret qui pouvaient passer pour osées à cette époque où Julie Andrews cherchait à se débarrasser de son image de Mary Poppins.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ALLIÉS (Même situation d'une espionne qui séduit un agent pour le compte de l'ennemi) ou encore MATA-HARI (Même époque (la Première Guerre Mondiale) pendant laquelle une danseuse de cabaret espionne pour le compte de l'Allemagne).

Darling Lili a été produit à une époque charnière. Quelques années plus tôt, Mary Poppins ou My fair lady remplissaient les salles, mais en 1970, les mentalités ont considérablement changé, et les films à succès sont dorénavant Love story, Airport ou MASH. Julie Andrews était encore associée à son image de Mary Poppins, et même si Darling Lili visait volontairement à l'en sortir, la forme du film, apparenté à une comédie musicale, était perçue comme dépassée.

Si le réalisateur Blake Edwards et l'actrice se sont très bien entendus, la production a souffert de nombreuses péripéties. Pour commencer, le film devait se tourner à Paris au printemps 1968.  La paralysie de la France lors des événements de mai a obligé la production à se déplacer à Bruxelles, puis en Irlande où le tournage des séquences aériennes a failli tourner au désastre. En effet, le mauvais temps a obligé les équipes à rester des jours et des semaines sans tourner, en attendant des conditions favorables. En fin de compte, le film a coûté 25 millions de dollars, une somme pharamineuse pour l'époque, et qui a failli mettre la Paramount en faillite. Les cadres du studio ont fait porter le chapeau à Edwards, qu'ils qualifiaient d'"extravagant". De son côté, le réalisateur s'était protégé contre l'incompétence généralisée en enregistrant toutes ses conversations avec des cadres, et c'est ainsi qu'il a pu prouver qu'il n'était pas responsable des décisions absurdes prises dans son dos.

A sa sortie, le film a été jugé frivole et démodé, et n'a pas couvert ses frais, comme on pouvait s'y attendre. Il a quand même attiré l'attention de la profession en récoltant des nominations à l'Oscar pour le compositeur Henri Mancini et le costumier Jack Bear. Blake Edwards et Julie Andrews sont restés mariés et ont continué à travailler ensemble, notamment avec SOB, qui est partiellement inspiré de leur expérience lors de la réalisation de Darling Lili.

Un film d'espionnage couplé d'une comédie musicale, pendant la guerre 14-18. Lili est une chanteuse soliste réputée. Elle se sert de son prestige pour soutirer des informations aux officiers d'un soir. Parmi ceux-ci, elle rencontre le major Larrabee, dont elle voudrait connaître ...

Le projet est alléchant : Blake Edwards derrière la caméra, l'habitué Henry Mancini à la musique et surtout, une histoire d'espionnage durant la Première Guerre mondiale, sur fond de comédie musicale. Il faut d'abord reconnaître que ça commence mal, durant la première ...