DESTINATION CAP D'AGDE

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Le Cap d’Agde, à 70 kilomètres de Montpellier, est le plus grand complexe naturiste français. Il est aussi devenu, au fil des décennies, l’un des points névralgiques de l’échangisme touristique. DESTINATION CAP D’AGDE, réalisé en 2006, est un porno qui s’intéresse évidemment plus aux couples échangistes qu’aux adeptes du naturisme.


La problématique classique de l’échangisme, prétexte à de nombreuses séquences hard, est que les partenaires ne partagent pas toujours le même degré de liberté sexuelle. Si Cécilia et Joss sont de parfaits échangistes, libertins et complices, c’est moins évident pour leurs amis. Cédric, prof de gym, veut amener Amandine, coiffeuse, aux joies de la pluralité. Elle semble si intimidée. L’objectif de Cédric est clair et désespérant : « Niquer les plus belles nanas », dit-il. Et quand Amandine se lâche enfin, emportée par l’esprit frivole d’une croisière sur un yacht, Cédric est fort contrarié de la voir prendre du plaisir avec un autre homme. « Dégage, espèce de salope, fille de pute ! », lui hurle-t-il.


L’échangisme fait rêver mais n’est pas à la portée de tous, semble dire ce film. La voix off du début nous prévient : « L’été au Cap d’Agde, les couples se mélangent et changent, et bien souvent se tourmentent. » Avec ces boîtes de nuit, les piscines, le décor, le Cap d’Agde est le lieu rêvé pour tourner un porno à peu de frais.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES TEXTILES (de Franck Landron (1995). Comédie sur les embarras du naturisme, tourné dans la région du Cap d'Agde. Cette fois les protagonistes sont moins à l'aise avec leur corps que les acteurs de "Direction Cap d'Agde".) ou encore COUPLE "LIBÉRÉ" CHERCHE COMPAGNE "LIBÉRÉE" (De Burd Tranbaree [Claude Bernard-AUbert] (1981): traite aussi du thème de l'échangisme).

Un argument vite établi, des acteurs jeunes et beaux, dont certains viennent du milieu échangiste, des dialogues visiblement improvisés, parfois ordurier. Du coup, sous le couvert d’un hymne à l’échangisme, le film révèle les limites de la pratique et stigmatise la jalousie crasse et le machisme du partenaire masculin. Il considère les femmes comme des bombes et utilise l’expression de paquet. « Regarde ce paquet », dit Cédric à son ami Joss.


Sans vraiment le chercher, en laissant libre cours au naturel de ses hardeurs, le cinéaste montre l’échangisme comme l’un des symptômes d’une société de consommation qui n’a rien de respectueuse. Par sa complaisance publicitaire à tourner dans les lieux stratégiques du Cap, il souligne le luxe vain de discothèques tapageuses comme l’Extasia. Les corps stéréotypés des jeunes femmes s’y trémoussent entre deux séquences de baise.


L’homosexualité est souhaitée, mais entre filles seulement. Avec gourmandise, la voix off évoque « les multiples facettes des pratiques lesbiennes ». Elle affirme aussi sans rire, plaquée sur des images conventionnelles, que les échangistes réalisent les fantasmes les plus fous. Il y a quelques efforts techniques, mais c’est bien cette véritable contre-publicité de l’échangisme qui sidère. Reste à savoir si elle documente une réalité sociale ou les fantasmes moralistes du réalisateur.