DÉTOURNEMENT DE MINEUR

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Une distribution et une équipe technique importante, de nombreux décors et extérieurs et un scénario font de Détournement de mineur un porno haut de gamme filmé en 35 mm. Tentative courageuse pour son producteur Jean-Richard Fhal des éditions Concorde, jusqu’alors habitué aux tournages vidéos. D’autant qu’en 1983, après une année de forte répression policière et fiscale dans les salles spécialisées, les tournages en 35 mm s’effondraient.

L’intrigue joue sur les oppositions. Construite en flash- back, elle confronte un univers de grande propriété bourgeoise en bord de mer à celui d’une prison sombre et étouffante. La terrasse ensoleillée fait place au mitard sordide visité par les rats. Le montage, cruel, raccorde le plan de deux flûtes de champagne avec celui de deux gamelles peu ragoûtantes. Le roman-photo de rêve bascule dans le mélodrame de l’enfermement. Dom Pat, parfaite en épouse modèle bon chic bon genre, est la victime idéale, donc innocente, de cette plongée dans les clichés d’un des sous genres les plus rentables du cinéma d’exploitation : le film de prison de femmes.

Au menu donc, elle subira le viol en cellule par d’autres prisonnières, les attouchements sous les douches collectives, la fouille au corps. Surtout elle sera la proie du sadisme de quelques matrones revêches armées de matraques. Aux antipodes des étreintes classiques filmées dans l’autre partie de son récit, Brunet se lâche et réussit quelques moments de pornographie sordide.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PRISON TRÈS SPÉCIALE POUR FEMMES ou encore PRISONS DE FEMMES .

Depuis Tant qu’il y aura des hommes, le baiser torride des amants sur le sable est devenu le lieu commun de bien des films. En concluant de la sorte son porno sentimental, Jean-Luc Brunet récompense l’attente du spectateur. Tout le scénario reposait sur ce désir : quand arriverait enfin la scène d’amour entre la femme trompée et l’adolescent délaissé par sa copine ?

Avec ce happy end, la pornographie revêt enfin une valeur positive. Tout au long du film, elle avait été au service de l’asservissement et de la tromperie, prise en charge par les personnages détraqués de la prison, par le mari manipulateur et par la petite amie volage. La scène de la boîte de nuit, de ce point de vue, est éclairante. En excluant Stéphane des ébats, en le laissant contempler son amie jouir dans les bras d’un autre, il fait du sexe un objet de fascination et de dégoût.

De nouveau voyeur de l’étreinte entre Laure et son mari, à travers une baie vitrée, Stéphane n’a certainement jamais fait l’amour. Le scénario n’affirme rien mais le thème de la virginité intéresse Brunet. En 1980, il avait déjà réalisé Virginité à prendre, dans lequel une jeune fille cherchait à se préserver pour l’homme qu’elle aimera. Cette fois, il conjugue cette morale au masculin. Si les impératifs commerciaux l’ont contraint à s’appesantir sur la déchéance de Laure, c’est bien l’initiation de Stéphane qui passionne le cinéaste, sa lente accession à la pornographie.