DRACULAX

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Dans un château de Transylvanie, le Docteur Seward dirige un sanatorium pour malades mentaux qui présentent d’insolites déviances sexuelles. C’est au milieu de cet aréopage de doux dingues et d’éminents docteurs qu’un inquiétant personnage fait irruption. C’est le nouveau locataire qui vient d’emménager dans le manoir voisin. En fait, il s’agit du comte Dracula en personne. 

Pas moins de treize scènes de sexe explicite sont au menu de ce film inclassable où la fine fleur des hardeurs américains des années soixante-dix se bouscule… dans tous les sens du terme, d’ailleurs. Jugez plutôt de l’importance du casting : Annette Haven, Kay Parker, Jamie Gillis, dans le rôle de Dracula, Serena, Paul Thomas, Seka, John Holmes et je vous laisse découvrir les autres.

Avertissement : nous sommes ici en présence d’un film plus qu’étrange. Imaginez un Ed Wood totalement allumé et radicalement obsédé sexuel qui tenterait de réaliser son chef d’œuvre en s’inspirant de l’œuvre de Bram Stoker et vous n’aurez qu’une très vague idée du résultat final. Pour résumer mon propos, pour l’érotomane cinéphile, ce film est un plaisir de fin gourmet.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DRACULA (JOHN BADHAM - 1979) (Frank Langella est un Dracula formidablement crédible face à Laurence Olivier impressionnant en Van Helsing.) ou encore DRACULA (MARIO SALIERI - 1994) (Mario Salieri confronte le célèbre vampire à des dévoreuses telles Joy Karin's, Dalila, Deborah Welles ou Draghixa).

Philip Marshack, le réalisateur de cet improbable  Dracula, est barge. Je défie quiconque de me démontrer le contraire. Il est indubitablement influencé par Ed Wood et son univers, le tout au premier degré comme son idole et non pas avec la distance d’un Tim Burton. J’attire votre attention sur les séquences où Dracula se transforme en chauve-souris pour approcher ses proies. Les fils qui animent la maquette sont encore plus visibles que chez Ed Wood. Ce type n’a peur de rien, surtout pas du ridicule. Il n’y a qu’à jeter un œil sur sa filmographie pour s’en faire une petite idée. Citons à titre d’exemple Les vierges de l’espace en 1984 film X où des aliens viennent sur terre afin de se faire féconder pour repeupler leur race ou Le train de nuit de la terreur en 1985 où Dieu et le diable tapent la discute dans un train et évoquent des histoires qui les dépassent. Ce principe permet de développer trois segments plus délirants les uns que les autres.

Pour ce qui est de la transgression, dans Draculax, Philip Marshak ne recule devant aucun tabou. Le saphisme, la masturbation (plus masculine que féminine, vous l’aurez remarqué), l’inceste entre frère et sœur (c’est vrai qu’il est difficile de résister à Kay Parker), il aborde également la nécrophilie quand Mike Ranger vient rendre un dernier hommage charnel au cadavre de Serena dans son cercueil. La version française est un grand moment de surréalisme, outre que la synchronisation est plus qu’approximative, on sent les comédiens de doublage livrés à eux-mêmes, en roue libre et qu’ils improvisent des dialogues au fur et à mesure qu’ils découvrent le film. Si l’acteur qui interprète le docteur Van Helsing vous est familier, ce n’est pas par hasard. Il se nomme Reggie Nalder et son physique est beaucoup plus inquiétant que celui de Dracula lui-même. Son visage en partie défiguré par de graves brûlures est apparu dans des films comme Impasse des deux anges de Maurice Tourneur en 1948, L’homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock, version 1956 ou Le Casanova de Fellini en 1976.

Les oreilles averties auront reconnu le Boléro de Ravel qui illustre la fellation que Serena exécute sur Mike Ranger dans le parc du sanatorium. Il est fort possible que Blake Edwards s’en soit inspiré pour le film qu’il a réalisé l’année suivante en 1979. Dans Ten, Elle en français, Dudley Moore parvient à convaincre la sculpturale Bo Derek de faire l’amour avec le Boléro en fond sonore, histoire de lui faire atteindre l’orgasme.