EASY ALICE

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Joey Silvera joue le rôle d'un acteur porno qui a décidé de raccrocher, surtout pour faire plaisir à sa petite amie, l'exotique et ravissante Linda Wong. Pour dépanner un tournage où il faut remplacer un hardeur défaillant, il accepte de faire une scène. Linda, se sentant trahie et délaissée va elle aussi laisser libre cours à ses envies... Pendant que Joey se la joue marin en permission et donne allègrement des coups de canifs dans leur contrat. Elle rejoint un couple d'amis et après des préliminaires saphiques avec la superbe Annette Haven, l'appétissante Linda se livre sans pudeur au boyfriend de celle-ci, nous donnant à voir une des plus belle scène de triolisme jamais filmée à l'époque. Easy Alice, Alice la douce si vous préférez, est une curiosité dans l'univers du X made in USA.
Bien que scénarisé et mis en scène, ce film est d'une facture totalement réaliste. On croirait parfois visionner un documentaire sur la libération sexuelle aux Etats-Unis dans les seventies. La caméra à l'épaule, le son direct, et une improvisation permanente rendent, et c'est précisément le but recherché, les scènes hard étonnamment troublantes. De plus, il est visible que les hardeuses et leurs partenaires y prennent un réel plaisir. Espérons que ce sera votre cas...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ÇA TOURNE À MANHATTAN ou encore L'IMPORTANT C'EST D'AIMER .

Ce qui est étrange avec Easy Alice que personne n'a signé, pas même Allan Smithee, c'est qu'au générique, pratiquement tous les acteurs ont pris un pseudo : Joey Silvera signe Joseph Savera, Leslie Bovee se fait appeler Leslie Dubuex et Candida Royalle Candice Ball mais, d'un autre côté leurs personnages s'appellent  tous par leur vrais prénoms. Vu ce qu'ils fument et ce qu'ils sniffent dans le film, ceci explique peut-être cela... Cet ovni difficile à situer, qui tient plus de la nouvelle vague telle qu'elle avait influencé un John Cassavetes que du cinéma hollywoodien, fait irrésistiblement penser à "ça tourne à Manhattan" de Tom DiCillo qui sera tourné presque 20 ans plus tard. La manière de dépeindre un plateau de tournage d'un film fauché est assez réaliste. Il n'empêche que Easy Alice reste un document tout à fait intéressant sur le San Francisco des années soixante-dix.
L'héroïne du film, Linda Wong a été la première Asiatique à devenir une star dans l'industrie du porno. Après un passage quasi obligé dans la série Swedish Erotica, on la découvre en 1974 aux côtés de John Holmes dans un film qui était fait pour elle : Oriental ecstasy girls où elle incarne la délicieuse Lotus. Très rapidement elle atteint le statut de star mais, inexplicablement, elle interrompt sa carrière en 1981 et disparaît de la circulation... pour réapparaître deux ans plus tard dans des films comme Sexation ou Oriental Temptations. Elle commence à avoir des soucis avec la justice à cause de ses problèmes de drogue, fait deux mois de prison préventive et lorsqu'elle ressort en attendant son procès, meurt accidentellement d'une overdose en 1987.
Avec près de 900 films comme acteur à son palmarès, Joey Silvera, fait figure de phénomène. D'ailleurs, il collectionne les records. Je crois que c'est le type qui a utilisé le plus grand nombre de pseudonymes pour les génériques. J'en ai personnellement recensé pas loin d'une trentaine. Suivant l'exemple de ses amis hardeurs comme John Leslie, John Stagliano ou Paul Thomas, Joey passe derrière la caméra en 1995 et signe pas loin de 150 films comme réalisateur.
Pour l'avoir dirigé à plusieurs reprises chez Teresa Orlowski ou chez Marc Dorcel, je peux affirmer que Joey est des types les plus agréables qui soient dans le boulot. Totalement instinctif, il ne sait jouer pratiquement qu'un seul personnage : le sien ! Mais avec quel talent et quelle décontraction. Doté d'un sérieux sens de l'humour et de la dérision, il connaît parfaitement ses limites et sait s'y tenir. Dans ce métier où l'on croise souvent des hardeurs qui ont la tête plus grosse que le slip, c'est assez rare pour être souligné.