FILLES DE LUXE

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Une heure top chronomètre pour résumer les moments forts de la journée d’une maison de passe, située dans le 17ème arrondissement de Paris. C’est le temps qu’il faut pour passer en revue le défilé de la clientèle de cette vidéo réalisée en 1981 par Michel Barny pour Marc Dorcel.

Tout d’abord un commissaire peu entreprenant mais capable de faire sauter les contraventions des dames. Il est suivi par trois des hardeurs les plus actifs de l’époque : Guy Royer, Gabriel Pontello et Dominique Aveline. Le casting féminin est franco-allemand, comptant Marianne Aubert, Cathy Stewart, Claudia von Stadt et Christina Schwartz, révélée par Les Bas de soie noire de Claude Bernard-Aubert.

L’une joue aux étudiantes en socquettes, punie par un client-professeur, l’Allemande ne parle pas français mais comprend les envies du client. Il faut deux filles pour rassasier le client sud-américain. Attentive à son cheptel, la maquerelle Cathy Stewart, fume-cigarettes et gants en résille noire, donne aussi de sa personne. Quelques rapides plans de coupe de la façade extérieure de l’immeuble offrent un peu de respiration.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BELLE DE JOUR (Un classique de Luis Bunuel, 1966, dont une partie est consacrée à la prostitution de Catherine Deneuve dans une maison de rendez-vous.) ou encore LA BONZESSE (De François Jouffa, 1973. Vie quotidienne d'une maison de passe au début des années 1970.).

Le réalisateur Michel Barny a débuté en assistant Claude Mulot, notamment sur le tournage du célèbre Sexe qui parle. Il passe aux commandes cette même année 1975 avec un chef-d’œuvre, Mes nuits avec Alice, Pénélope, Arnold, Maud et Richard, souvent attribué à Mulot, mais dont il est bien le véritable auteur et réalisateur. Il devient l’un des plus doués de cette pornographie encore assez cossue, filmée en 35 mm, grâce à des titres comme Les Hôtesses du sexe. Avec l’arrivée de la vidéo, il est l’un des premiers à travailler pour Marc Dorcel, pour lequel il réalise notamment Ma cousine de Paris et Les Faveurs de Sophie.

Filles de luxe est typique des productions Marc Dorcel des débuts. Le label n’affiche pas encore beaucoup d’ambitions esthétiques et narratives. Mais s’impose déjà la touche principale prônée par son PDG : le goût de la lingerie, en particulier les bas de soie noire, une constante qui ira vers toujours plus de luxe. S’il est souvent reproché aux vidéos de Marc Dorcel d’affadir la personnalité de ses réalisateurs, elles ont su inventer une esthétique propre, reconnaissable dès la première scène.

La fantaisie vient ici du client mexicain exubérant. Il est interprété par Dominique Aveline, une figure appréciée de Michel Barny, et surtout de ses partenaires féminines. S’il a toujours été l’outsider des hardeurs français, cantonné dans des seconds rôles et dans un registre souvent fruste, les comédiennes l’adoraient pour sa délicatesse. Les réalisateurs et producteurs le vénéraient aussi, car ils ne perdaient jamais de temps avec lui, grâce à sa capacité stupéfiante à bander. Ses amis le surnommaient le Martien.