FLAMENCO, FLAMENCO

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Pour qui aime le cinéma espagnol, Carlos Saura n’est sans doute pas aussi célèbre que Luis Bunuel ou Pedro Almodovar, du moins aujourd’hui. Mais c’est de toute évidence le chaînon manquant entre les deux hommes. Les trois cinéastes représentent trois générations du cinéma tel qu’il se pratique de l’autre côté des Pyrénées. La génération de Saura, c’est celle de la fin du franquisme. Ses films des années 60 et 70 sont riches de métaphores, de symboles, de non-dits, pour ne pas heurter la censure du vieux despote. Mais ils en disent long sur l’état de la société espagnole, sur l’influence que conservent les militaires, sur le poids de la bourgeoisie, sur les souvenirs de la guerre civile. Saura restera ainsi en première ligne jusqu’à la fin des années 70, alors que la dictature laisse la place à la démocratie après la mort du Caudillo. Dès lors Almodovar et ses provocations, son exubérance, son goût pour le mélodrame parfois kitsch prennent le dessus et Saura change son fusil d’épaule. Les sujets politiques ou sociaux s’effacent au profit de films historiques et de réflexions sur l’art.
Saura montre en particulier le vif intérêt qu’il porte à la danse et au chant. Il consacre d’ailleurs dès 1995 un premier documentaire au flamenco, Flamenco, un art qui mieux que tout autre reflète l’âme espagnole, ou du moins celle d’une certaine Espagne, métissée et sauvage. Flamenco flamenco est donc 15 ans plus tard un second hommage. Le troisième aura-t-il pour titre Flamenco flamenco flamenco  ? En attendant notre homme avait signé plusieurs autres films hommages à des danses et chants de tradition latine, comme Sevillanas, Tango et Fados. Sans oublier d’autres œuvres, dont certaines sont des fictions, mais qui tournent toutes autour de son sujet de prédilection : Noces de sang, Carmen et Salomé...  On ne pourra pas lui reprocher son manque de constance…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LATCHO DROM (C'est un autre panorama documentaire de la musique gitane) ou encore FLAMENCO (C'est un autre film de Saura sur le flamenco).

Flamenco flamenco n’est pas un film de fiction, puisque les différents intervenants jouent leur propre rôle en situation. Ce n’est pas réellement un documentaire non plus, Saura ne cherchant pas le moins du monde à nous expliquer quoi que ce soit.  Il se contente de nous montrer. Mais il le fait avec goût. L’idée de démarrer son film par une suite de tableaux dont le sujet commun est justement le flamenco, l’obsession de la lumière, l’enchaînement rapide des différentes danses lui permettent de nous éclabousser d’images et de sons qui ne peuvent que provoquer l’ivresse. A condition d’être sensible à cette forme d’art, s’entend. Car le film ne fait aucune concession, ne met pas le moins du monde de l’eau dans son vin.
Pourtant Saura revendique une certaine évolution dramatique là où d’aucuns n’auraient vu qu’un enchaînement de numéros de danse: « On commence avec la naissance (nana flamenca) dans la lumière puissante de l’après-midi; l’enfance (les influences andalouse et pakistanaise des origines) dans les tons jaunes des soleils couchants ; l’adolescence dans la lumière du crépuscule et avec les palos  les tons plus vifs et solides. Et progressivement, nous entrons dans l’âge adulte (le chant sérieux), dans les bleus intenses, les indigos, les violets. La zone de la “mort” est pratiquement en noir et blanc, tirant vers le vert de l’espérance qui nous guide vers une nouvelle renaissance...».
Pendant tout ce temps la caméra caresse les corps, scrute les visages, épouse le rythme des danseurs. Il n’y a pas à dire: Saura possède le sens du cadre autant qu’il est sensible à la sensualité de ceux qui virevoltent – ou pas - devant sa caméra. Les aficionados seront certainement sensibles à l’effort du cinéaste, qui a mis sont point d’honneur à montrer toutes les danses, à mélanger toutes les générations. Le vieux Paco de Lucía, guitariste présent dès Carmen, et Flamenco, est évidemment de la partie. Egalement présent au rendez-vous Farruquito, que l’on avait pu admirer dans Flamenco, quinze ans plus tôt. Il avait à l’époque treize ans et accompagnait son grand frère. Dans Flamenco flamenco, c’est son petit frère, El Carpeta, treize ans lui aussi, qui est à ses côtés. Assurément cela s’appelle un passage de relai…

Si on a vu Tango, on reste sous le charme, avec Flamenco Flamenco, trés envoutant, de ce diable de Carlos Saura/ Mise en scène dans un lieu de Séville pour le moins singulier, Metropol Parasol - de l'architecte Mies van der Rohe, ce Flamenco, musique et danse, interprété par ...