GLORIA MUNDI

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Au moment où l’enfant paraît, le grand-père sort de taule et revient dans sa ville natale. Il passe un peu pour un intrus quand la famille s’est décomposée et recomposée. Il faudra du temps, et de la bienveillance, car chez Robert Guédiguian cinéaste du peuple, communiste dans l’âme et insoumis de circonstance, le pardon n’existe pas.

« Gloria Mundi » est le titre de ce film sorti en 2019. La locution latine complète est « Sic transit gloria mundi » qu’on traduira par « Ainsi passe la gloire du monde ». Guédiguian a mis en exergue, avec un soupçon d’ironie, « la gloire du monde ».

La troupe habituelle est là: la fidèle comédienne et épouse, Ariane Ascaride, Gérard Meylan le double à l’écran, et Darroussin qui en perd ses repères professionnels. Et Robinson Stévenin et Anaïs Demoustier. Famille je vous hais dit-il, sauf au cinéma.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MOMMY DE XAVIER DOLAN (2014) (De la famille recomposée à la famille monoparentale il n'y a qu'un pas, de l'univers de Guédiguian à celui de Nolan juste un petit saut. Mommy a rendu célèbre le cinéaste québécois, cinéma coup de poing, sur une mère courage et son fils semi autiste. La déglingue et la dignité, la famille malgré tout.) ou encore TROIS HOMMES ET UN COUFFIN DE COLINE SERREAU (1985) (Comme Guédiguian, Coline Serreau a connu le succès populaire avec un grand film sociétal, une comédie en l'occurrence. Elle montra le rôle ascendant du père dans l'éducation de l'enfant. Les trois pères recomposent la famille en conciliant l'amitié virile et l'adoption de la petite femelle...).

Parlons réhabilitation plutôt que rédemption, même si le titre du film fait référence à une formule prononcée depuis toujours lors de l’intronisation d’un nouveau pape. Guédiguian malgré lui fait dans un catéchisme prolétarien où la bienveillance permet de surmonter la lassitude.

A 66 ans, Robert Guédiguian signe là son 21e long métrage en 40 ans. Symboliquement son premier film « Dernier été » était sorti en 1981, l’année de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la république. Devenu un genre de Ken Loach phocéen, le cinéaste dont la ville de Marseille et ses petites gens sont devenus les protagonistes d’une infinie saga tragique, fait aujourd’hui partie d’une sorte d’officielle européenne des artistes réalistes socialistes.

D’ailleurs sa muse, Ariane Ascaride a été récompensée pour Gloria Mundi de la coupe Volpi, bref le prix d’interprétation féminine, à la Mostra de Venise 2019. Chroniqueur de son temps, admirateur d’un certain cinéma soviétique, Guédiguian n’est pour autant pas un militant par l’image mais un humaniste qui sait même par l’imagerie rendre la dignité à ceux qui en doutent. Ses héros de la débrouille sont encore une fois chauffeur, femme de ménage, trafiquant malgré eux, précaires toujours. Mais ils se serrent encore les coudes. A Robert, donc, le peuple reconnaissant.

GLORIA MUNDI (15,8) (Robert Guédiguian, FRA, 2019, 107min) : Pour clôturer cette journée exceptionnelle au Festival du film francophone d'Albi Les Oeillades, Gérard Meylan est venu présenter et débattre avec passion et conviction (notamment pour la grève générale du ...

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