GLORIA

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Près de vingt après la sortie de « Gloria, », le chef d’œuvre de John Cassavetes avec Gena Rowlands dans le rôle titre, le cinéaste Sidney Lumet et l’actrice Sharon Stone ont décidé de mettre leurs pas dans ceux du couple mythique en redonnant vie à cette femme qui décide de protéger un jeune garçon que la mafia veut à tout prix abattre. A l’époque, il s’agissait pour Cassavetes de vendre un scénario efficace à une société de production afin de pouvoir financer des œuvres moins faciles d’accès. Mais, c’était sans compter sur le talent conjugué du cinéaste et de son épouse et actrice et le premier « Gloria » occupe désormais toute la place qu’il mérite dans la filmographie de Cassavetes. Plus que d’un remake, il faudrait donc parler pour ce « Gloria » réalisé par Lumet en 1998 d’une nouvelle vision d’une même histoire. Avec en point central l’attraction du cinéaste pour le personnage principal. Selon Lumet, « Gloria est un personnage fragile aux sentiments puissants et son parcours va mettre en jeu chacune de ses facettes. » Fin de citation.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA MORT AUX TROUSSES (Une longue course-poursuite d'un personnage (Cary Grant) traqué par une organisation toute-puissante.) ou encore LÉON (Le film de Luc Besson explore les relations forcées d'un adulte et d'un enfant pourchassés.).

De même que le film de Cassavetes était aussi et peut-être d’abord un film sur Gena Rowlands, la version réalisée par Sidney Lumet est toute entière dédiée à Sharon Stone qui donne au personnage une dimension sexy et charnelle. Là où Gena jouait presque à la grand-mère bougonne mais tendre, Sharon la quadra incarne une maternité et plus encore une féminité en action. A propos de « sa » Gloria, Sharon Stone déclarait : « Tout, chez cette jeune femme, est outré : ses paroles, ses attitudes, ses vêtements, ses problèmes. Mais quelque chose en elle la pousse à ne pas abandonner cet enfant, en le sauvant, elle se sauve aussi. C’est une femme de caractère qui, jusqu’à cette histoire, n’avait trouvé aucun sens à sa vie. » fin de citation. Mais Lumet et Cassavetes se rejoignent totalement ou presque avec le troisième rôle du film. C’est un personnage hors du commun et omniprésent pour qui les deux cinéastes partagent sinon le même amour du moins une fascination identique et particulièrement inspirante. C’est bien de New York dont il s’agit ici. New York que les deux héros en fuite ne cessent d’arpenter. New York la ville phare et la ville piège qu’on ne peut abandonner sans perdre son âme. La prudence commanderait de la quitter mais c’est la vie alors qui n’aurait plus de raison d’être. Sidney Lumet la connaît par cœur cette ville qui traverse presque toute sa filmographie comme un décor unique et protéiforme. Dans « Gloria », il filme une ville qui va aussi vite que les deux fugitifs dont il décrit la course folle. Une ville aux heures de pointes et aux rues bondées qui rendent les cascades en voitures plus vertigineuses encore. Une ville en mouvement perpétuel donc, incapable de s’arrêter et de faire une pause. Gloria et Nicky trouvent en elle leur meilleur allié, comme s’ils étaient portés par un « courant" selon l'expression de Sidney Lumet, un courant vital de toute évidence.