GRASS, LE PEUPLE DE L'HERBE

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Même si les 2 documentaires datent de 99, Il ne s'agirait pas de confondre ce Grass, le peuple de l'herbe avec Microcosmos, le peuple de l'herbe. Foin de gazon, causons moquette. Car c'est bien ce qu'on fume ici. Cannabis, Marie-jeanne, jaj, herbe…, bref, ce truc illégal qu'il est interdit de consommer aux Etats-Unis parce que… parce que quoi déjà ? Ah oui, parce que ce sont les immigrants mexicains qui l'ont amené dans leurs bagages, au début du XXe siècle. Depuis la première loi, passée à El Paso, Texas, en 1914, le documentariste canadien Ron Mann retrace l'évolution, généralement absurde et hors de prix, de cette autre prohibition. Pour un film à la fois pédagogique et hilarant, entièrement composé d'images d'archives, d'actualités et de propagande parfois tellement délirante qu'on se demande d'ailleurs ce que leurs auteurs avaient bien pu fumer avant… "Ca vous rendra fou ! Ca vous tuera ! Ca vous fera tuer les autres !" et pire que tout, "ça vous rendra communiste !". Ce sont les principaux arguments, toujours invérifiables, et d'ailleurs soigneusement invérifiés, des divers promoteurs de cette criminalisation de la marijuana. Avec les résultats que l'on sait… Au premier rang des responsables, émerge la figure de Harry J. Anslinger, véritable fléau social et économique, dont la mauvaise foi n'eut d'égale que la persévérance. A côté de lui, McCarthy, Nixon et George Bush furent des petits joueurs. De même que Ronald Reagan qui, quelques années avant son Alzheimer, déclarait que fumer de l'herbe, c'était mauvais pour la mémoire. Si vous regardez le film en vo, ce que je vous conseille vu que tous les extraits restent sous-titrés dans la vf, vous aurez en prime la voix de Woody Harrelson pour vous accompagner. Un Woody Harrelson qu'on soupçonne de ne pas fumer que de l'eau… … hmmm… de quoi on parlait, là, déjà ?

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GO FURTHER ou encore FAUT TROUVER LE JOINT .

On ne peut que saluer le talent de fouineur de Ron Mann, et sa patience : il lui a fallu 4 ans pour démêler ces quelque 400 heures d'archives. Et c'est l'artiste Paul Mavrides qui a signé l'habillage visuel du film. Quant à Woody Harrelson, la voix off de la v.o., ce n'est pas seulement un comédien très inquiétant, héros par exemple de Natural Born Killers ou de Larry Flynt ; c'est aussi un activiste écolo, fervent défenseur de la culture du chanvre, au point qu'il a travaillé pour ce film à l'œil. Du coup, pas bête, le réalisateur a aussitôt enchaîné avec lui, pour un documentaire où on le suit, lui et une douzaine d'autres militants, dévaler à vélo les 2000 km de la côte Pacifique des Etats-Unis, avec un autobus solaire fonctionnant à l'huile de chanvre, pour toute assistance. Ce documentaire, sorti en 2003, s'intitule Go Further et il n'est pas sans nous rappeler cet autre road movie, monument de la culture cannabistique, j'ai nommé Up in Smoke, en français Faut trouver le joint, film très idiot de 1978, où Cheech & Chong roulaient (à tous les sens du terme) dans un véhicule entièrement combustible. Le film fit, pendant des années, les belles nuits d'une salle parisienne mythique (comprenez « fermée aujourd'hui »), la Boîte à films. Pour finir, et en vrac, quelques précisions de détails : Non, Woody Harrelson n'est pas canadien. Oui, son père a bien été condamné à la prison à vie. Pour meurtre. Il y est même mort en 2007. Et, puisqu'on en parle, oui, le terme assassin vient sans doute de l'arabe hashashin mais il ne désignerait pas, comme on le dit souvent, les fumeurs de hashish mais plutôt les disciples de Hassan.