GROSSE PARTOUZE ENTRE AMIS

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L’argument est très banal. Madame rentre plus tôt à la maison, surprend son mari dans les bras d’une autre, pique une colère et chasse Monsieur. Il se réfugie quelques maisons plus loin chez Gérard, un ami qui ne se soucie guère de ces conventions maritales.

Très loin de la sophistication des drames bourgeois, ce porno français de 1978 balaie très vite tout sentiment de jalousie et de culpabilité. Il invite à une conception libertaire du sexe. Un ami a tôt fait de poser à l’épouse indignée les questions qui travaillaient la génération post-soixante-huitarde : « Tu n’as pas envie de participer à cette grande libération du corps, tu n’as pas envie de vivre l’amour libre, de te sentir débarrassée de tous les préjugés. »

Il souffle sur ce film une ambiance bon enfant. Tournage entre potes, c’est l’évidence, sans aucune prétention scénaristique et artistique. On voit les câbles électriques, le reflet fugace du cadreur dans un miroir, car on enregistre en une prise, caméra à l’épaule, laissant les comédiens improviser en son direct. Sans doute LEVRES ENTROUVERTES a été mis en boîte en une journée. C’est un remède frais et divertissant au porno chic qui affiche trop souvent de pesantes ambitions auteuristes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver REMPLISSEZ-MOI... LES 3 TROUS (Autre film porno de Jean Rollin tourné avec le même esprit libertaire que Lèvres entrouvertes.) ou encore COUPLES COMPLICES (Porno de Georges Fleury tourné la même année 1977. Vision plus bourgeoise de la libération sexuelle.).

Vous vous en doutez, GROSSES PARTOUZES ENTRE AMIS, l’affreux banc-titre informatique qui entache l’amusant générique filmé, écrit au marqueur, dissimule le véritable titre original qui est LEVRES ENTROUVERTES Cette faute de goût regrettable cède à la manie du cinéma porno : le retitrage des œuvres. A l’origine prévu comme LE SEXE FORT, LEVRES ENTROUVERTES avait déjà été retitré en 1981 en MONIQUE LEVRES ENTROUVERTES, malgré l’absence flagrante de Monique dans le film.

Signalons encore un autre escamotage. Le réalisateur Michel Gentil n’est autre que Jean Rollin qui, entre 1975 et 1983, tourne une vingtaine de pornos sous cet alias ou celui de Robert Xavier.  Ce pseudonyme est d’ailleurs transparent puisque le véritable patronyme du cinéaste amoureux des femmes vampires est Jean Michel Rollin Roth Le Gentil. Il affirmait souvent n’avoir jamais pris goût aux films pornos, purement alimentaires, qu’il « enchaînait en attendant des jours meilleurs. Cependant il est amusant de relever son irruption joyeuse, dans la partouze finale.

Jean Rollin est sans doute le seul réalisateur à se mêler ainsi à ses comédiens, déclenchant leur hilarité et se faisant déculotter. « Qui est-ce qui m’a mordu ? », demande-t-il en plein four-rire, avant de rajuster le pantalon et de retourner dans le hors-champ. Terminons enfin par ce détail d’érudition : il ne faut pas confondre LEVRES ENTROUVERTES avec LEVRES ENTROUVERTES POUR SEXE CHAUD qui est un montage de chutes provenant de différents pornos de Rollin dont LEVRES ENTROUVERTES.