HALAL LOVE

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Venu du Liban et singulièrement de Beyrouth - la plus occidentale des villes orientales - voici un film souriant et provocateur qui met en scène des personnages prêts à quelques concessions et arrangements avec la morale religieuse pour pouvoir assouvir leur joie de vivre.

C’est un film à sketches à l’ancienne, plus précisément une oeuvre à personnages multiples et dramaturgies parallèles. L’oeuvre s’intitule, et c’est tout un programme, Halal love, avec des femmes qui cherchent une seconde femme pour leur mari, des ex-maris qui veulent se remarier pour la quatrième fois avec la même femme, et la négociation d’improbables contrats de mariage.

Le film est signé Assad Fouladkar et il est incroyablement libre de ton. L’amour halal c’est compliqué comme on dit sur le réseau social.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DIVORCE À L'ITALIENNE (1961) DE PIETRO GERMI (Il s'agit plutôt d'une comédie noire. Un aristocrate italien faute de pouvoir divorcer cherche à compromettre sa femme pour pouvoir l'assassiner dans un crime d'honneur.) ou encore UNE SECONDE FEMME (2012) DE UMUT DAG (Quand la femme intrigue pour obtenir une seconde épouse, plus jeune, à son mari cela perturbe l'équilibre de la famille.).

Coproduit par des Allemands, Hallal love est un film qui choisit son parti. Celui d’en rire dans un pays martyrisé par les guerres civiles et confessionnelles. Le film s’est révélé au festival de Sundance, et sa liberté de ton est proprement sidérante.

Le réalisateur Assad Fouladkar, 55 ans, n’a pas sa langue dans sa poche. Quand Maryam s’est dévoilée son premier long en 2001 relatait déjà l’histoire d’un couple amoureux dont la femme se révélait stérile. Et le poids de la famille et du matriarcat plombait l’ambiance conjugale jusqu’à mettre en péril l’équilibre quotidien des amants. Là il a franchi un nouveau stade, dans un film, c’est vrai voué à l’exportation: il parle de sexe et de machisme. Le film a été découvert à Dubaï, à Rotterdam avant sa programmation à Sundance, avec ce chemin de croix que constitue, pour un cinéaste proche-oriental qui n’est jamais prophète en son pays, l'aventure d’aller se faire adouber sur les marchés internationaux.

On pense en voyant ce film à Mariage à l’italienne, archétype de la comédie noire dans une société étouffée par le poids de la tradition religieuse. Fouladkar est imprégné de ce cinéma. Il est sorti diplômé en audiovisuel de l’université de Boston et pourtant pour vivre a dû faire de la radio au Liban et réaliser des vidéos institutionnelles ou des épisodes de série télé. Beaucoup d’appelés décidément et si peu d’élus.