HMCB

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H.M.C.B. C’est l’acronyme du titre original de HotMen Coolboyz, un porno danois produit en 2000 par Hot Male, branche gay du Puzzy Power qui était lui-même le département porno de la société de production de Lars von Trier. A l’instar du Dogme, Puzzy Power avait établi un manifeste précis qui se voulait un guide pour la réalisation de films pornos destinés aux femmes. Après Constance et La Prison des sévices, l’idée germa aussi de produire un porno gay. Mais H.M.C.B. délaisse l’une des règles capitales du Puzzy Power Manifesto, à savoir l’exigence d’un scénario crédible.

En revanche, les autres préceptes susceptibles de satisfaire le public féminin sont repris : filmer des montées subtiles du désir, miser sur la sensualité, montrer la beauté des corps, éviter la violence à moins qu’elle ne soit l’assouvissement d’un fantasme. Tous cela est mis à profit pour un public gay, y compris le refus de filmer des fellations forcées et des éjaculations faciales, considérées comme dégradantes par le groupe féminin du Puzzy Power.

Pas de scénario donc mais une suite de tableaux qui explore l’imagerie traditionnelle des fantasmes homosexuels : la mythologie grecque, avec Narcisse amoureux de son propre reflet et le dieu Pan, cornu et tendrement protecteur, la passion militaire sous les Tropiques, le voyou gigolo en gants de cuir, fasciné par son flingue, le cérémonial SM avec humiliations verbales, bondage et punitions corporelles, les jeux de piscines, le péplum, son orgie romaine et ses esclaves consentants. Autant de scènes où les corps des comédiens, magnifiques, sont caressés par la lumière, dans des cadrages qui rendent justice à leur sensualité.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN CHANT D'AMOUR ou encore LA PRISON DES SÉVICES .

Excepté la séquence SM dans lequel les injures et les ordres sont des éléments érotiques de la domination et le gigolo solitaire qui reprend l’artifice de la voix off du polar, tous les tableaux sont privés de textes. L’image est privilégiée et nécessitait un cinéaste hermétique au cinéma narratif traditionnel. Déjà auteur du premier porno du Puzzy Power, Knud Vesterskov était l’auteur idéal. Graphiste de formation, photographe, il est surtout un vidéaste expérimental reconnu du milieu underground danois, qui s’amuse beaucoup avec les trucages vidéos et les surimpressions.

Mais l’objet central de ses soins restent les comédiens. Le maître bodybuildé, jouant aussi l’empereur romain est le seul comédien professionnel : Billy Herrington, star américaine, hétérosexuel mais spécialisé dans le porno gay, sacré homme de l’année 1999 par la revue Colt. Les autres comédiens sont médecin, ingénieur, patron de bar, homme d’affaires et étudiants. Ils ont tous accepté ce tournage pour satisfaire leurs fantaisies. Il leur avait été proposé de choisir des pseudonymes pour préserver leur identité. A la surprise générale de la production, ils ont tous préféré jouer sous leurs vrais noms. Bien dans leur peau, estimant n’avoir rien à cacher, ils revendiquent ainsi le choix d’une pornographie respectable.

Reste à présenter Ron Athey, le Monsieur Loyal tatoué et iconoclaste. Ex-punk et cocaïnomane, performer depuis 1981, il s’est fait connaître dans ses trilogies de la souffrance, livrant son corps aux piercings les plus variés, aux lames de rasoir, aux suspensions extrêmes et aux lavements, parodiant le martyr de Saint-Sébastien ou s’inspirant de Bataille, provocant le scandale en tranchant le dos d’un séropositif dont il boit le sang. Il était déjà apparu dans Hustler White de Bruce La Bruce.