HOWL

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Si le label « beat generation » évoque immédiatement quelque chose pour vous, alors le film que vous allez maintenant découvrir va vous passionner. Si ce terme n’évoque rien, rassurez-vous : il vous intéressera tout autant !

James Franco y joue le poète américain Allen Ginsberg, chantre et apôtre de la libération des moeurs et des esprits dans l’Amérique puritaine et coincée des années 50. Le film de Rob Epstein et Jeffrey Friedman explore cette frontière parfois très mince et poreuse entre droit d’expression et censure. Ginsberg et son éditeur furent à l’époque poursuivis pour la publication d’un poème, Howl, jugé obscène.

Vous allez le voir, la forme du texte de base est respectée à la lettre mais la forme du film explore elle aussi des chemins audacieux, mêlant prises de vues réelles et animation. Une originalité qui lui a valu de se faire remarquer dans divers festival dont celui qui fait désormais référence en matière de cinéma indépendant : Sundance…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TRUMAN CAPOTE (Les grands auteurs font parfois de grands films. Truman Capote et Allen Gisnberg partageaient autre chose que le talent : un style de vie jugé scandaleux à leur époque. Après en avoir payé le prix, tous deux en tirèrent matière à bâtir leur légende...) ou encore HARVEY MILK (La lutte pour les droits des homosexuels a mis du temps à aboutir aux Etats-Unis. De la fin des années 50 à la fin des années 70, Allen Ginsberg et Harvey Milk en ont été deux des porte-drapeaux. L'un l'a payé de sa réputation, l'autre de sa vie...).

« J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus, qui se traînaient dans les rues négresses à l’aube, à la recherche d’une furieuse piqûre… » Il est certain que les premiers mots du poème Howl firent l’effet d’une bombe nucléaire à leur parution en 1957. Allan Ginsberg son auteur avait sans doute lui-même sous-estimé l’impact de son texte sur une société où parler de races, de sexe, de drogue était plus qu’un tabou…Le film du tandem Epstein-Friedman rend parfaitement compte de cette onde de choc. Il faut dire que le poète cumulait les handicaps aux yeux de la bien-pensante Amérique du président Eisenhower : intellectuel, homosexuel et juif… ç’en était trop et la justice se devait d’y mettre le hola !

Sauf que Ginsberg avait semé une graine contre laquelle on ne peut rien, celle de l’évolution des consciences. Howl tout comme le reste de son œuvre a participé à l’unification de deux mouvements de pensée révolutionnaires dans les fifties et les sixties : les beatniks et les hippies. Une fusion musicale, littéraire et hallucinogène qui inspira directement des auteurs aussi importants que Bob Dylan ou Patti Smith. Le poème Howl est le point de départ des années jazz, des années Kerouac et de ce que seront les années Woodstock...

Pour incarner Allen Ginsberg, le choix des réalisateurs s’est porté sur James Franco. Un comédien qui aime cultiver un terrain délaissé par la majorité des autres stars d’Hollywood : la prise de risque. Beau gosse typiquement yankee, il est capable de s’aligner sur des blockbusters comme Spider-man ou La Planète des singes, de présenter la cérémonie des Oscars 2011 mais aussi de jouer l’amant de Sean Penn dans Harvey Milk pour Gus Van Sant ! Un parcours à part qui fait de lui une des valeurs sûres de ce cinéma made in America dont les sombres arrière-cours, (en partie bâties grâce à des artistes comme Allen Ginsberg), sont souvent plus intéressantes que les avenues bordées de palmiers…