IF....

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Homme de théâtre engagé, chef de file du « Free Cinéma », mouvement de rénovation et de contestation du cinéma britannique qui précéda de peu la Nouvelle vague française dès le milieu des années 1950, Lindsay Anderson a 45 ans lorsque sort à Londres, en décembre 1968, If..., dont le titre lui fut inspiré par le fameux poème homonyme de Rudyard Kipling – en français : Tu seras un homme, mon fils.

Ce film, divisé en huit chapitres, nous plonge au cœur d’une « public school » britannique, établissement privé (très) strict réservé aux fils de (très) bonnes familles, où perdurent encore un système de valeurs dépassé et une stricte discipline de fer débouchant sur de violents, voire sadiques, rapports de force entre la hiérarchie et les élèves ainsi qu’entre les élèves eux-mêmes. Derrière les hauts murs de cette auguste institution, trois adolescents vont se rebeller, particulièrement violemment. 

Produit – notamment par Albert Finney – et tourné avant les événements de Mai 68, bien que sorti après, If... fit sensation lors de sa projection dans le cadre du 22e Festival de Cannes, en mai 1969, c'est-à-dire un an tout juste après l’interruption de la 21e édition, en raison de ses susnommés événements. Alors que Z de Costa Gavras remportera le Prix du jury et Easy Rider de Dennis Hopper le Prix de la première œuvre, le jury, présidé par Luchino Visconti, attribua à If... son Grand prix, prestigieuse récompense, bientôt rebaptisée : Palme d’or.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ZÉRO DE CONDUITE (1933) (Rapport de force, violence et rébellion. Lindsay Anderson dit s’être inspiré du classique de Jean Vigo.) ou encore ENTRE LES MURS (2008) (Une autre visage de l'éducation. Autres temps, autres lieux, autres moeurs... !).

Le visage du jeune héros qui clôt ce film marqua particulièrement Henri Pierre, correspondant du journal le Monde à Londres, qui écrivit, au lendemain de la première, en décembre 68 : « Le film s’achève [...] sur un gros plan du visage plein de haine et de fureur sacrée de Malcom McDowell, un Belmondo britannique, chef de cette bande à Bonnot des classes terminales. » Rares sont ceux qui, à l’époque connaissent ce « Belmondo britannique » aperçu seulement à la télévision. En fait, il venait de faire ses débuts au cinéma quelques mois plus tôt dans Pas de larmes pour Joy, le premier long métrage de Ken Loach qui, malheureusement, coupa sa scène au montage !

C’est donc dans If... qu’il fut découvert, notamment par un certain Stanley Kubrick. Deux ans plus tard, en effet, celui-ci devait lui confier le rôle principal d’Orange mécanique, qui lui vaudra le Golden Globe du meilleur acteur. Malgré ce rôle qui lui collera à la peau durablement, on retrouvera Malcolm McDowell dans plus de cent dix films en une cinquantaine d’années de carrière, parmi lesquels : Caligula de Tinto Brass, C’était demain de Nicholas Meyer, la Féline de Paul Schrader, Halloween de Rob Zombie et même (pour une brève apparition) The Artist de Michel Hazanavicius. On n’oubliera pas, non plus, qu’il reprit le rôle de Mick Travis, le rebelle de If..., dans le Meilleur des mondes possibles, en 1973, et dans Britania Hospital, en 1982, deux autres films de Lindsay Anderson. Egalement très présent sur le petit écran, McDowell y fut notamment l’énigmatique gourou Bret Stiles dans plusieurs épisodes du Mentalist.

Sorti à Paris le 21 mai 1969, douze jours après sa présentation à Cannes, If... y restera douze semaines en exclusivité, réunissant plus de 1.600.000 spectateurs. « Œuvre pleine de séduction » pour Guy Teisseire dans l’Aurore, « parabole romantique sur l’éternel conflit de génération » pour Henry Chapier dans Combat, la critique est quasi unanime. Comme beaucoup, Robert Chazal, dans France Soir, évoque un « Zéro de conduite britannique », allusion au film que Jean Vigo avait tourné 36 ans plus tôt et auquel Lindsay Anderson avait, lui-même, fait allusion au cours de sa conférence de presse cannoise. A Cannes, justement, la presse étrangère eut, elle aussi, son mot à dire. Ainsi, un journaliste allemand pointa « quelques relations obscures entre réalité et rêve ». Comme pour lui répondre, l’avisé critique du Canard enchaîné, Michel Duran, écrivit : « Lindsay Anderson ne se prive pas de fantaisie mêlant le réalisme absolu au délire de l’imagination, comme il mêle le noir et blanc à la couleur, déroutant le spectateur trop cartésien. »

Du cinéma purement anarchiste que ce If... La rentrée des classes dans une 'public school' des environs de Londres, institution d'élite réservée aux privilégiés. Pour les nouveaux arrivants, l'année s'annonce rude : des châtiments corporels aux comportements sadiques, ...

L'internat militaro-religieux dans lequel Travis et ses deux compères sont scolarisés a pour eux des allures de prison et les "whip", ces étudiants-pions qui les surveillent, des airs de matons. On leur y apprend la discipline et la prière. Le moindre écart de conduite appelle ...

Avec If …, Lindsay Anderson, jeune cinéaste avant-gardiste ne surfait pas sur l’effet 68. Il l’avait même, presque, anticipé. De fait, lors des événements, le film était déjà largement engagé. Et, pour bien le situer dans l’histoire, il est quasiment contemporain ...