IL ÉTAIT UNE FOIS EN ANATOLIE

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Sixième long métrage du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan, Il était une fois en Anatolie est présenté en 2011 au Festival de Cannes. Récipiendaire d’un Prix du jury ex-aequo avec Le gamin au vélo des frères Dardenne, le film, contrairement, à ce que son titre indique, n’a rien à voir avec le Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone. 

C’est parce que Nuri Bilge Ceylan aime créer des fausses pistes que le film s’appelle ainsi. En réalité, il nous plonge au coeur de l’Anatolie, région sismique de la Turquie, où un meurtrier tente de guider une équipe de policiers vers l’endroit où il a enterré le corps de sa victime. Au cours de ce périple, une série d’indices sur ce qui s’est vraiment passé fait progressivement surface. 

Long chemin à travers la nuit dans une voiture, film atmosphérique, on s’enfance dans Il était une fois en Anatolie au plus profond de ce plateau plat et morne comme on s’enfonce dans les profondeurs de l’humanité. Avec ses quatre personnages, un criminel, un policier, un médecin et un magistrat, Nuri Bilge Ceylan tire une réflexion bouleversante sur la Turquie du XXIe siècle.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver YOL, LA PERMISSION (Parce que ce film turc a été écrit et réalisé par Yılmaz Güney pendant qu'il était en prison (il profitait de ses permissions pour préparer le tournage). Palme d'Or à Cannes.) ou encore A DARK, DARK MAN (Parce que ce film noir, très noir, se déroule dans les steppes du Kazakhstan. Ce décor inattendu est traversé par une voiture : à son bord, un policier corrompu, une journaliste et un assassin.).

Tout part d’une histoire vraie. Inspiré de faits réels comme on dit. Ceux-ci sont arrivés au co-scénariste de Nuri Bilge Ceylan, Ercan Kesal, également acteur, et non au cinéaste lui-même. Plus jeune, ce dernier était lui-aussi médecin dans la même petite ville, Keskin, qui sert de point de départ à notre intrigue. C’est d’ailleurs pour ça, que le personnage central de cette histoire plutôt chorale est un médecin. Pour écrire l’histoire d’Il était une fois en Anatolie, il a fallu mettre un processus assez complexe mais payant. En commençant par le profil des personnages, le fil narratif a évolué au fil de la discussion entre le réalisateur, sa femme, et le co-scénariste, ce dernier en mettant à profit ses souvenirs et ses connaissances de la région tandis qu’Ebru, l’épouse de Nuri Bilge Ceylan a construit le récit. 

Le ton tragi-comique du film a fortement était inspiré de la littérature russe et, en particulier à Anton Tchekhov, grand auteur de théâtre, lui-même médecin à l’origine et fin observateur de l’humain. Sixième film du cinéaste, Il était une fois en Anatolie est aussi son plus onéreux. La moitié du film a été tournée de nuit, et souvent à l'intérieur de voitures. Cela a été un vrai défi pour l'équipe de tournage, et également un challenge financier de taille puisque le budget du film vaut à lui seul les cinq précédentes réalisations du cinéaste. C’est aussi son plus long, du moins jusqu’à son suivant Winter Sleep. D’une durée de 150 minutes, Il était une fois en Anatolie est aussi une preuve pour son cinéaste qu’il peut se permettre une écriture cinématographique libre et non se conformer aux traditionnels 90 minutes standardisées. 

Le film a été présenté à Cannes en 2011 et ce n’est pas une première pour Nuri Bilge Ceylan qui est un habitué de la Croisette. Le réalisateur turc lui doit d'ailleurs sa notoriété internationale puisqu'il y a fait ses débuts en sélection officielle en 1995, dès son premier court métrage, Koza, tourné en noir et blanc. Considéré par les cinéphiles comme la figure de proue du cinéma turc, il a reçu de nombreuses récompenses internationales, comme par exemple à nouveau à Cannes, où son précédent film, Les Trois singes, a obtenu en 2008 le prix de la mise en scène. En 2014, il remporte le prix ultime cannois puisque Winter Sleep lui permet d’obtenir la Palme d’Or.

Kalopani disait dans sa critique sur Eureka que certains films ne se regardent pas, mais se vivent. Il était une fois en Anatolie en fait partie. Entrer dans ce film se fait comme dans un roman d’ampleur : avec modestie, dans la durée, les sens en éveil. La première séquence ...

Deux frères, Kenan et Ramozan, qui ont avoué un assassinat, conduisent des policiers, un médecin légiste et un procureur, à travers les splendides paysages de l'Anatolie, à la recherche du corps. Un voyage compliqué : c'est la nuit, les paysages ont donc changé. De plus, ...

« Il était une fois en Anatolie », comme son titre le laisse suggérer ressemble bien à un conte. Divisé en deux parties, la nuit et le jour, le film nous laisse tenter de dénouer avec ses protagonistes le fil d'une intrigue policière, où les personnages (un procureur, ...