INFIDÈLE

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Quatrième film réalisé par Liv Ullmann et le deuxième, après Entretiens privés (1996), basé sur un scénario du grand Ingmar Bergman, Infidèle est à la fois une passionnante réflexion sur l’écriture et la création, et la chronique bouleversante d’un adultère dont les ravages se répercutent d’un personnage à l’autre comme un écho dévastateur.

Même si son nom n’est jamais audible à l’écran, le vieux metteur en scène, vivant reclus sur une île de la Baltique, s’appelle Bergman au générique, il est interprété par l’un des acteurs fétiches du maître suédois, Erland Josephson, avec lequel il tourna treize films dont le dernier, Sarabande (2003). Liv Ullmann, née au Japon en 1938 de parents Norvégiens, fit ses débuts de comédienne au théâtre à Oslo.

Elle tourna dix fois au cinéma sous la direction du Suédois Ingmar Bergman, de Persona en 1966 à Sarabande en 2003, en passant par La Honte, L’Heure du loup, Une passion, Cris et chuchotements, Scènes de la vie conjugale, Face à face, L’œuf du serpent, et Sonate d’automne. En 1997, lors du Festival de Cannes, Liv Ullmann remit la Palme des Palmes décernée à Ingmar Bergman, qui ne se déplaçait plus guère, à Linn, la fille qu’ils eurent ensemble en 1966. Infidèle fut présenté en sélection officielle à Cannes en 2000 ; l’année suivante Liv Ullmann y officiait comme Présidente du Jury. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA NUIT AMÉRICAINE DE FRANÇOIS TRUFFAUT, 1973 ou encore INTÉRIEURS DE WOODY ALLEN (INTERIORS, 1978) .

Infidèle de Liv Ullmann porte bel et bien la marque d’Ingmar Bergman, non seulement l’action se situe sur l’île de Farö où il passa les dernières années de sa vie et où il fut enterré après sa mort, en 2007, mais on y retrouve les thèmes qui hantent tous les films qu’il a réalisés : l’amour, la trahison, les ravages de la passion, l’égoïsme, l’incommunicabilité…

Cependant, si on y décèle la veine autobiographique déjà présente dans Les Fraises sauvages, Scènes de la vie conjugale, ou Face à face, il serait vain de déterminer à quelles personnes de la vie réelle il est fait ici allusion. Le flou est d’ailleurs volontairement gardé jusqu’à la fin sur le rôle joué par le vieux metteur en scène dans cet adultère : est-il plutôt le mari, Markus, ou l’amant, David ? Si sa profession, la boîte à musique égrenant quelques notes de «La Flûte enchantée» de Mozart et plusieurs autres clés donnent à penser qu’il est le second, il y a sans doute aussi beaucoup de lui dans le premier. Doublé d’une réflexion sur la réalité et la fiction, Infidèle donne à voir le processus de création et la façon dont un scénariste et metteur en scène se laisse envahir par les personnages, qui, après être sortis de ses souvenirs prennent peu à peu les rênes du récit. Le prénom Marianne est très présent tout au long de l’œuvre de Bergman. Ingrid Thulin le portait dans Les Fraises sauvages, Liv Ullmann dans Scènes de la vie conjugale et Sarabande, et il est aussi celui de l’héroïne d’Infidèle, interprétée par la magnifique Lena Endre.

Cette actrice suédoise, née en 1955, qui travailla à plusieurs reprises au théâtre sous la direction d’Ingmar Bergman fait partie de sa « troupe » au sens large ; elle a été dirigée au cinéma dans plusieurs autres films dont il a signé le scénario : Les Meilleures intentions de Bille August et Söndagsbarn réalisé par Daniel Bergman, un des fils d’Ingmar, (tous deux en 1992), ainsi que Kristin Lavransdatter de Liv Ullmann (1995).