INSOUMIS

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Inspiré d’une histoire vraie, Insoumis fait revivre une période agitée du Québec. Au milieu des années 1960, alors que la minorité anglophone détient le pouvoir économique dans la Belle Province, de jeunes activistes rêvent à la fois d’obtenir l’indépendance nationale et de déclencher une révolution sociale.

Au printemps 1966, Jean Corbo, un lycéen de 16 ans, séduit par les idées révolutionnaires du Front de Libération du Québec s’engage dans ce mouvement qui ne se contente pas de distribuer des tracts mais pose également des bombes dans les usines en grève.

Insoumis est réalisé par Mathieu Denis, qui avait auparavant cosigné Laurentie où il évoquait la crise d’identité des Québecois et la question de l’immigration à travers un personnage rongé par le mal-être. Cette fois, en portant son regard 50 ans en arrière pour relater l’histoire de cet adolescent de père d’origine italienne et de mère québécoise, le réalisateur entend parler du Québec contemporain. Comme il l’explique lui-même :« En abordant les questions essentielles de l’engagement et de l’identité, j’ai cherché à réaliser une œuvre contemporaine qui arrive à dire quelque chose de notre présent, tout en revisitant notre passé. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA MAISON DU PECHEUR (Un portrait de militants politiques dans le Canada de la fin des années 1960) ou encore LES ORDRES (Le climat de plomb au Québec en 1970 après les actes terroristes du FLQ).

Si la devise du Québec est « Je me souviens », pour le réalisateur Mathieu Denis, dans les faits, ironiquement, au Québec on ne se souvient pas du passé. « J’aurais tendance à dire que 95% de notre histoire est oubliée, ajoute-t-il, et Jean Corbo est pour moi un grand oublié de notre histoire ». Quand le cinéaste a voulu se documenter sur ce personnage, il a demandé à consulter les comptes-rendus de procès des membres du Front de Libération du Québec. Mais à sa grande surprise il a découvert que chez lui les archives judiciaires sont détruites tous les 30 ans.  « Heureusement, précise-t-il, nos bibliothèques ne brûlent pas encore les exemplaires des journaux de l’époque qu’elles ont conservés ». Il a donc pu lire des centaines d’articles avant d’aller rencontrer des membres de la famille Corbo ainsi que des camarades de l’adolescent d’alors avant d’écrire son scénario.

Parallèlement à son enquête documentaire, Mathieu Denis s’est nourri de plusieurs films de fiction pendant l’écriture de son scénario. Il cite Au revoir les enfants de Louis Malle, pour la sobriété de sa mise en scène et la finesse de sa direction d’acteurs. Yi Yi d’Edward Yang l’a également marqué par sa réalisation précise et la chaleur humaine des prestations des comédiens. Le Désert Rouge d’Antonioni lui a servi de modèle pour le recul, la retenue, par rapport aux personnages. Mathieu Denis explique qu’il aime ses personnages mais, en même temps, il ne voulait pas qu'on soit proches d'eux, et ne voulait pas faire de Jean Corbo un martyr.

Le cinéaste considère qu’en vieillissant on perd une certaine naïveté et une innocence et donc en termes de casting, il tenait à ce que les comédiens aient l’âge de leur personnage. Antony Therrien, l'interprète de Jean Corbo, avait donc 15 ans au moment du tournage. Et dans les consignes de jeu qu’il a données à ses acteurs ce qui primait c’était le point de vue humain et intime. Pour chaque scène, il ne s’agissait pas de chercher comment le personnage historique aurait réagi mais avant tout de saisir comment l’être humain se sent dans telle ou telle situation.