JIMMY GRIMBLE

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John Hay a 36 ans lorsque Jimmy Grimble, son (vrai) premier film, sort sur les écrans britanniques, durant l’été 2000. Je dis son (vrai) premier film parce que, cinq ans plus tôt, l’une de ses œuvres destinées au petit écran fut, finalement, distribuée en salle. Il s’agissait de The Steal, une comédie policière avec Alfred Molina.

Cinq ans plus tard, Jimmy Grimble retrace l’histoire d’un jeune garçon solitaire ne rêvant que d’une chose : devenir footballeur professionnel. Il habite avec sa mère, dans un triste quartier de Manchester, et son horizon semble bien sombre, jusqu’à sa rencontre avec une paire de chaussures à crampons magiques. Mais... attendez la suite !

Si le héros du film est un jeune Britannique débutant, Lewis McKenzie, face à lui vous reconnaîtrez Robert Carlyle, en entraîneur au passé cabossé, trois ans après The Full Monty et juste après les Cendres d’Angela, d’Alan Parker ; Ray Winstone en déménageur passionné par le foot (mais pas seulement), un an après son rôle de père incestueux dans The War Zone, de Tim Roth, et Gina McKee en maman un peu paumée, déjà vue chez Mike Leigh et que Luc Besson venait de diriger en duchesse de Bedford, face à Milla Jovovich, dans son Jeanne d’Arc.

Voici donc Jimmy Grimble, Ours de cristal du meilleur film familial au festival de Berlin 2001.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE BALLON D’OR (1993) (Comme Jimmy à Manchester, le jeune Bandian à Makono (Guinée) rêve de football. Le Destin n’est plus, ici, une clocharde mais un sorcier.) ou encore BILLY ELLIOT (2000) (Même obstination d’un jeune Britannique timide et solitaire pour réaliser son rêve...).

Né à Calcutta, où sa mère était correspondante du Daily Mail, John Hay a entamé sa carrière à la télévision britannique. C’est là qu’il rencontre Al Pacino pour le tournage d’un documentaire consacré à The Local Stigmatic, un film produit par le comédien à la fin des années 1980, mais qui ne fut jamais exploité commercialement. Al apprécie cette collaboration et lui propose de travailler avec lui sur Looking for Richard, le documentaire qu’il a en tête et dans lequel il va disséquer le Richard III de Shakespeare. Mais, à cette époque, John Hay travaille sur un autre projet et doit donc décliner la proposition. Son nom apparaît, tout de même, au générique du film, dans les remerciements

Pour Jimmy Grimble, plus de 3.000 garçons, entre 13 et 16 ans, furent auditionnés, et c’est Lewis McKenzie, que vous venez de découvrir, qui fut retenu pour incarner ce fils de divorcé, timide et renfermé, qu’une simple paire de chaussures à crampons allait révéler à lui-même sur la pelouse du stade de Main Road, celle-là même où évolue habituellement la véritable équipe de Manchester City, à ne pas confondre avec Manchester United, où joua, un temps, le futur comédien Eric Cantona. Le réalisateur, tenait particulièrement à tourner à Manchester, une ville un peu « oubliée » par le cinéma, disait-il à l’époque, et dont il avait noté la fierté des habitants. De cette ville industrielle du Nord de l’Angleterre, proche de Liverpool, il voulut faire, non pas un simple décor, mais bien l’un des personnages du film.

C’était la première fois qu’une équipe de cinéma tournait dans le stade de Main Road, et la production n’avait pas les moyens de payer de véritables figurants. C’est ainsi que, par fidélité à leur club, dont ils sont aussi fiers que de leur ville, plus de 400 supporters passèrent une dizaine de jours dans de venteuses tribunes, contre quelques sandwiches et du thé à volonté !

C'est parfois un peu niaiseux, mais on passe tout de même un joli moment, grâce à un jeune acteur plein de talent et un Robert Carlyle très sensible. On suit ce film avec un plaisir toujours évident, et la reconstitution des milieux populaires est formidable. Assez réussi. ...