KISS & CRY

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Le Kiss & Cry, c’est l’endroit où les patineurs attendent fébriles leurs notes juste après avoir fini leurs prestations sur la glace durant les compétitions. La télévision les y filme souvent, essoufflés et tendus, puis soulagés ou déçus quand tombe le couperet des juges. Les deux réalisatrices Chloé Mahieu et Lila Pinell y ont vu une analogie avec l’adolescence, cette période d’émotions fortes ou l’on passe d’un seul coup du rire aux larmes.

Sarah est patineuse depuis l’enfance. C’est même la meilleure du club de Colmar où elle vient de recommencer à s’entraîner. Mais à 15 ans, elle commence à saturer. Les heures sur la glace, les mesquineries de vestiaire, les injonctions de sa mère, l’autorité ou les remarques désobligeantes de son entraîneur... elle ne les supporte plus!

Mais se rebeller c’est abandonner un rêve d’enfance, auquel elle et sa famille ont beaucoup sacrifié. Impossible de prendre cette décision à la légère, impossible de ne pas y laisser trop de plumes, et finalement tous ses repères.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NAISSANCE DES PIEUVRES (Parce qu'il raconte aussi l'éveil des sens et leur complexité à l'adolescence, comment la rivalité entre filles se joue dans les vestiaires d'une piscine cette fois.) ou encore MY SKINNY SISTER DE SANNA LENKEN (Parce qu'il raconte aussi le quotidien d'une jeune compétitrice en patinage artistique et la manière dont elle subit la pression à travers son corps d'adolescente).

Dans la catégorie des films sur le sport, le patinage artistique boxe en deuxième catégorie loin derrière les films sur la boxe justement ou sur le football. Même s’il y a bien eu, dans les années 1930, à Hollywood, la mode de Sonja Henie, triple championne olympique et reine des comédies romantiques sur glace. Mais le genre s’est assez vite épuisé. Depuis, régulièrement, la patinoire devient le décor de quelques scènes burlesques ou de rencontres fortuites.

Rien de tout ça, ici. L’anneau de glace est l’enjeu, et c’est sur lui ou juste à côté, dans les vestiaires, que toute l’intrigue se trame. Tant mieux, le patinage artistique est un sport très ciné génique : la fluidité des mouvements, les costumes pailletés, les maquillages, le suspense de la compétition, la violence des relations, les déplacements au rythme d’une musique souvent connue ... tout est réuni pour briller à l’écran. Les deux réalisatrices ont été séduites par cet univers en tournant Boucle piqué, un court métrage documentaire dans lequel l’entraîneur Xavier organisait un stage pour des jeunes filles de 10 à 13 ans. C’est aussi à cette occasion qu’elles ont rencontré Sarah Bramms. Elles ont eu l’idée de les réunir à nouveau pour une fiction, cette fois, très inspirée de situations qu’ils avaient vécues.

Rompues à la technique du cinéma direct – c’est-à-dire aux prises de vues et de son in situ, sans entretien ni voix off, ce qui nécessite un long travail de montage -, les cinéastes ont repris cette méthode éprouvée sur les trois documentaires qu’elles avaient déjà tournés ensemble et qui leur ont valu plusieurs prix en festival. Pour Kiss & cry, la préparation a été longue. Le scénario a été écrit à partir de leurs observations et constamment modifié en fonction des blessures des jeunes patineuses. Avec un objectif : tenir jusqu’aux Championnats de France de patinage et à la décision finale de Sarah. Sera-t-elle ou non une représentante de notre pays aux prochains Jeux Olympiques ?

Ce film est une ode, non seulement à tous les malades atteints du cancer mais pouvant inspirer toutes les victimes de maladies, comme d'agressions à se battre et positiver toujours autant que possible pour profiter de chaque jour restant afin de n'avoir aucun regret, laisser ...

Aussi touchant et drôle que le fut Polisse, Kiss and Cry peint sans concession la brutalité de l’ère adolescente - cette génération Snapchat sans pitié pour elle-même ni pour ses maladroits géniteurs. Le défi est d’autant plus complexe pour ce groupe de jeunes filles ...