L'ANNÉE PROCHAINE SI TOUT VA BIEN

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C’est l’histoire d’un homme et d’une femme qui s’aiment, lui c’est Maxime, elle, c’est Isabelle ; il ne veut pas grandir, elle veut un enfant… Sur un air de comédie, tout en traitant mine de rien de phénomènes de société - la stabilité financière féminine, la postadolescence masculine - le film, sorti en 1981, table beaucoup sur l’aura indéniable de ses deux têtes d’affiches très en vogue.

Isabelle Adjani est une star absolue depuis La Gifle de Claude Pinoteau et Histoire d’Adèle H de François Truffaut, elle vient de remporter au Festival de Cannes un double prix d’interprétation pour Quartet de James Ivory et Possession d’Andrzej Zulawski et alterne allégrement comédies et films d’auteur. Thierry Lhermitte est l’un des jeunes premiers du cinéma français après une belle carrière au café-théâtre avec Michel Blanc, Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Marie-Anne Chazel et Christian Clavier, tous membres de la troupe du Splendid, il est encore tout auréolé de la réussite des deux opus des Bronzés mis en scène par Patrice Leconte, dont les personnages sont adaptés de ceux de leur pièce écrite collectivement, Amours, coquillages et crustacés. Par ailleurs Adjani et Lhermitte viennent de connaître un joli succès dans une gentille comédie de Jacques Monnet, Clara et les chics types.

Le premier long métrage de Jean-Loup Hubert, coécrit en compagnie de Gérard Zingg et Josiane Balasko, est donc totalement dans l’air du temps et sans doute très autobiographique, comme le sera, par la suite, son plus grand succès, Le Grand Chemin, racontant son été d’enfant de la ville découvrant la campagne à la fin des années 50. Ici, il est facile de voir l’ombre du réalisateur sous le personnage de Maxime, grand enfant séduisant qui griffonne des histoires de science-fiction où il est un preux chevalier de l’espace.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver 5X2 DE FRANÇOIS OZON (2003) (Comédie dramatique française qui sillonne les aléas de la vie d’un couple, à ceci près que François Ozon choisit, lui, d’inverser la chronologie.) ou encore HÔTEL DES AMÉRIQUES DE ANDRÉ TÉCHINÉ (1981) (Sorti en 1981 comme le film de Jean-Loup Hubert, celui d’André Téchiné, avec ses deux têtes d’affiche prestigieuses, propose lui aussi une variation sur le couple.).

La musique de L’Année prochaine si tout va bien est signée Vladimir Cosma. Comme bon nombre de partitions accompagnant les comédies françaises des années 1970 et 80. Vladimir Cosma n’a aucun rapport avec Joseph Kosma, qui s’écrit avec un K, était hongrois, et a composé lui aussi beaucoup pour le cinéma de Jean Renoir depuis les années 30 à Jean-Pierre Mocky dans les années 60, et mis en musique pour l’éternité les chansons de Jacques Prévert.

Né en Roumanie, à Bucarest, en 1940, Vladimir Cosma a étudié, au Conservatoire National le violon et la composition et remporté, dans chacune de ces catégories, un premier prix. En 1963, il s’installe à Paris, et y poursuit ses études sous la houlette de la grande Nadia Boulanger. Bien que de formation classique, il se passionne aussi pour la musique populaire, le jazz, et travaille dès 1966 aux côtés de Michel Legrand pour le cinéma. C’est en 1968 qu’il se lance en solo dans les bandes originales de films à la demande de Yves Robert en composant celle d’Alexandre le bienheureux. S’ensuit une collaboration indéfectible avec le réalisateur de Clérambard, Le Grand Blond avec une chaussure noire, et La Gloire de mon père et Le Château de ma mère…

Mais Vladimir Cosma travaille aussi avec Pascal Thomas, Gérard Oury, Jean-Marie Poiré, Claude Zidi, Claude Pinoteau ou Francis Veber : des Zozos aux Compères en passant par Les Aventures de Rabbi Jacob, il apporte son inestimable contribution à tous les succès populaires du cinéma français de l’époque. On lui doit, quelques inoubliables et joyeuses ritournelles à la flûte de Pan qui se retiennent et se fredonnent au sortir de la salle de cinéma, une scie musicale considérée par des générations de fans de La Boum comme le slow absolu «Dreams are my reality», ainsi que son double inversé, la chanson "Destinée" des Sous doués en vacances, reprise dans Le Père Noël est une ordure, parfait pastiche ironique d’une championne du hit-parade, interprétée par Guy Marchand et qui devint, de fait, un énorme succès. Mais c’est pour deux partitions très particulières, pour deux films hors des sentiers battus, que Cosma sera récompensé aux Césars : Diva de Jean-Jacques Beineix, ses notes de piano façon Satie, ses ambiances zen et ironiques et son adaptation très remarquée de l’air de la Wally de Catalani ; ainsi que pour Le Bal d’Ettore Scola qui sillonne et revisite un demi-siècle de musique populaire, de la danse de salon au disco en passant par le rock et la pop. Vladimir Cosma a célébré, en 2016, cinquante ans d’une carrière incroyablement fournie.

À l'instar du « Grand Chemin », Jean-Loup Hubert n'est pas un faiseur d'images particulièrement doué, et la forme de « L'Année prochaine... si tout va bien » n'a en conséquent rien d'exceptionnel. De plus, force est de reconnaître que la seconde partie est nettement en-dessous, ...

A mi-chemin entre comédie romantique et comédie dramatique, le film trouve toujours le bon ton et la bon distance, pour émouvoir, amuser, sans jamais racoler. Symptomatique d'une époque où le cinéma français savait simplement, mais justement, dresser des portraits avec ...