L'APPÂT

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Fin 1984, une affaire criminelle défraie la chronique. Une petite bande  diabolique composée d’une jeune femme de 18 ans et de deux complices à peine plus âgés qu’elle sont arrêtés et accusés de deux assassinats et de plusieurs tentatives de meurtres. Leur mode opératoire? La jeune femme se laisse séduire par de riches hommes. Une fois chez eux, elle permet à ses comparses d’entrer et de cambrioler. 

Quelques années plus tard Morgan Sportès s’inspire des exactions de ce trio pour son roman « L’Appât ». Avec la scénariste Colo Tavernier qui avait suivi le procès depuis le prétoire, le cinéaste Bertrand Tavernier décide de le porter à l’écran.

À travers ce thriller inspiré d’une histoire vraie, le réalisateur veut montrer comment trois jeunes qui ne sont pas des tueurs-nés « basculent dans l’horreur par stupidité et ignorance ». Pour les rôles principaux, il choisit Marie Gillain, Olivier Sitruk et Bruno Putzulu et L’APPÂT présenté au festival de Berlin en 1995 décroche l’Ours d’or, alors que la récompense n’avait pas été attribuée à un film français depuis de nombreuses années.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BAIT (Un remake américain de L'APPÂT) ou encore LAISSEZ-PASSER (Un autre film de Bertrand Tavernier avec Marie Gillain).

L’ "appât" dans le film a donc les traits de Marie Gillain. Au départ Bertrand Tavernier avait trouvé la comédienne « trop sage, trop bourgeoise » pour le rôle. Mais quelques mois plus tard, il avait changé d’avis. Pour se préparer physiquement, la comédienne passe quatre mois à l’Ecole du cirque afin de gagner en assurance dans son corps, de trouver la démarche à la fois sexy, impudique et fragile de Nathalie. 

De son côté, avant le tournage, Bertrand Tavernier demande à son trio d’interprètes de ne rien lire sur le fait divers. Il est hors de question d’imiter une façon de parler, un style vestimentaire. Il souhaite que les acteurs se servent de leur propre personnalité pour nourrir leurs personnages. Il leur demande également de décorer l’appartement. Marie Gillain punaise une photo de Cindy Crawford, Olivier Sitruk une affiche du KING OF NEW YORK de Ferrara, des posters de Johnny Depp tandis que Bruno Putzulu apporte son sac de sports et un maillot de foot. Le réalisateur leur projette BADLANDS (LA BALADE SAUVAGE) de Terrence Malick, qui retrace la cavale d’un jeune couple qui verse dans la violence, et leur explique qu’il veut retrouver le même regard moral que celui de Malick sur ses personnages. Et la même manière de parler de l’inconscient d’un pays à travers le comportement très physique des personnages. 

Pour Bertrand Tavernier, L’APPÂT est un film sur l’irresponsabilité. Avec cette histoire il a voulu montrer « les ravages de l’inculture et de la bêtise ». La dérive du trio, c’est celle d’individus préoccupés uniquement par la satisfaction immédiate de leurs désirs, des gens « qui volent des stylos de marque mais n’écrivent jamais ». Le réalisateur se défend de toute complaisance : « J’ai voulu qu’ils paraissent ordinaires, comme s’ils étaient les copains de mon fils. Je veux qu’on les trouve sympathiques mais inexcusables. On peut aligner toutes les circonstances atténuantes, mais au moment de passer à l’acte, chacun de nous demeure l’ultime maître de son destin ».

Quant à la représentation de la violence, il s’agissait d’éviter de procurer du plaisir avec ces scènes. D’où les portes fermées, pour s’arrêter au seuil de l’infilmable. Cette idée de mise en scène lui est venue de son documentaire LA GUERRE SANS NOM. Tavernier avait été marqué par un témoin qui lui avait raconté qu’en découvrant un jour un camarade pratiquer la torture en Algérie il avait refermé la porte et ne lui en avait plus jamais parlé.

S'il est évident que L'appât n'est sans doute pas le film de Tavernier le plus inspiré, il arrive malgré tout à capter la médiocrité des assassins. C'est une histoire toute bête, ça bande sur Scarface, ça rêve de l'Amérique, de réussir et ça cherche ...

S'inspirant d'un fait divers survenu dans les années 80, Bertrand Tavernier signe un film fort et dérangeant, adaptation du livre éponyme de Morgan Sportès. Pour ce drame récompensé par l'Ours d'or à Berlin, le réalisateur peut s'appuyer sur un joli trio de comédiens, ...

Vu à l'époque au ciné, à l'âge de 16 ans, je vous laisse imaginer combien L'Appât, et en particulier Marie Gillain, m'avaient marqué... Parce que si vous ne l'avez pas vu la Marie dans ce thriller, au-delà de très bien jouer la petite meuf d'une vingtaine d'années inconsciente ...