L'EMPIRE DES RASTELLI

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Leda est l’un des fleurons de l’économie italienne qui fait la fierté du pays et de la famille qui la dirige. Les Rastelli ont construit un empire qui s’étend sur les cinq continents. Soumis aux lois d’un marché mondial sans pitié, ils doivent sans cesse trouver des solutions pour éviter le pire. D’emblée tous les coups tordus sont de mise dans le but de sauver les apparences d’une entreprise florissante.
Le réalisateur Andrea Molaioli dont le premier film La Fille du lac avait récolté bon nombre de prix, notamment à la Mostra Internationale du Cinéma de Venise, a choisi pour son deuxième long métrage de s’inspirer d’un fait réel, à savoir l’affaire Parmalat, un krach de 14 milliards d’euros, pour raconter le parcours d’une famille d’entrepreneurs qui est allée trop loin dans une arnaque d’ampleur internationale. Il en a confié le rôle principal à l’acteur Toni Servillo, très remarqué dans le film Il Divo de Paolo Sorrentino où il incarne avec maestria le président du conseil italien Giulio Andreotti, et qu’il avait précédemment fait jouer dans La Fille du lac. Deux films qui valurent à Servillo de rafler coup après coup le prix David di Donatello du meilleur premier rôle masculin. Nicole Garcia lui attribua par la suite un rôle dans son film Un balcon sur la mer.
Andrea Molaioli raconte avoir utilisé la fameuse affaire Parmalat comme source d’inspiration pour L’Empire des Rastelli, et affirme ne s’y être pas cantonné. Car dit-il, un cas comme celui-ci ne se serait jamais produit dans le cadre d’un système sain et limpide. Il s’agissait d’apporter un éclairage sur toutes ces sociétés qui ont fait du débit leur stratégie, et du faux bilan comptable un instrument.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES GRANDES FAMILLES (Dans ce film, le cinéaste français Denys de La Patellière relate l'histoire d'une famille de la grande bourgeoisie régnant sans scrupules sur un empire économique.) ou encore L'ARGENT DE LA VIEILLE (Le jeu du pouvoir et de l'argent à travers une satire italienne signée Luigi Comencini.).

S’éloigner consciemment du réalisme de la chronique et aller chercher ailleurs, tel fut le credo d’Andrea Molaioli pour tenter de réussir L’Empire des Rastelli.  Pourquoi ? Parce que la réalité à son avis, ne suit jamais les règles de la dramaturgie, alors qu’une œuvre cinématographique, notamment de fiction comme c’est le cas ici, se doit de les suivre scrupuleusement.
Calisto Tanzi, principal protagoniste de l’affaire Parmalat, car fondateur de l'entreprise, aurait déclaré lors de son procès où il était accusé de malversations financières : à part ce trou de 14 milliards, notre société est un petit bijou. Une remarque jugée de mauvais goût par le tribunal qui l'a condamné, lui et ses complices, à plusieurs années de prison en 2010. Le réalisateur Andrea Molaioli également coscénariste de L’Empire des Rastelli auquel vous venez d’assister, s’est inspiré des propos de Tanzi en question pour attribuer au film son titre original Il Gioiellino, traduisez Le Joaillier.
Molaioli insiste sur le fait qu’il n’a jamais eu l’intention de réaliser un film dénonciateur ni même une enquête aux allures de faux documentaire, mais plus simplement raconter des personnages et comprendre le fondement de leurs choix. Nous avons essayé mes coscénaristes et moi-même, ajoute-t-il, de regarder le monde à travers les yeux de nos protagonistes. Une bande de managers de province projetés sur la scène de la finance mondiale, armés seulement d’un diplôme de comptabilité et d’une certaine dose de sang froid dans la gestion d’entreprise, capables de tenir en échec les marchés mondiaux grâce à un faux compte réalisé avec un scanner. Des individus capables de soulever des milliards, mais relégués à des vies grises de petits employés. Ce sont ces contradictions qui nous ont permis, conclut-il, de transformer un événement purement financier en un récit d’hommes habitués à être au bord du précipice. Un récit d’hommes justement, et c’est là que réside toute la force de cette œuvre qui évite intelligemment l’écueil du public averti pour s’adresser au plus grand nombre. Nul besoin d’être abonné au Wall Street Journal pour s’intéresser aux Rastelli et à leur société agro-alimentaire Leda.

Quatre ans après La Fille du lac, Andrea Molaioli revient à la réalisation avec L'empire des Rastelli, film rondement mené, qui s'inspire du krach Parmalat, une société agro-alimentaire dont les hauts dirigeants ont recouru à des malversations financières et flouer actionnaires ...