L'ENFER

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Après un générique chanté de 5 minutes et 17 secondes avec pas moins de 40 acteurs au casting, on se dit que certains pornos européens de l’aube des années 2000 avait encore de la thune à dépenser.  Epoque où Mario Salieri, maestro du film de cul italien, disposait encore de budgets honorables avant de tomber dans l’enfer du gonzo macho et vulgaire.

Ici, une italienne en voyage de noces dans notre capitale, abandonne soudainement son mari pour aller vivre en solo le Paris interlope. Elle repère un monsieur âgé et frustré dans un bar avec lequel elle fait l’amour dans un cinéma puis un sex shop avant d’offrir son corps aux yeux envieux de masturbateurs compulsifs dans un peep show. Et c’est à ce moment que le film bascule façon poupée russe. Le film, soudainement, laisse l’italienne de côté pour s’intéresser aux déboires sexuels d’autres protagonistes, tous reliés les uns aux autres comme dans un film de Claude Lelouch ou d’Alejandro Gonzales Inaritu.

On en sait donc plus sur la vie intime du vendeur du sex shop ou d’une bourgeoise délurée qui se lance dans la prostitution de luxe façon Catherine Deneuve dans Belle de jour. Mario Salieri, lui multiplie les effets de style dont il a l’habitude avec des plans cassés et une belle photo aux couleurs pétantes. Et se permet même une vraie scène de cinéma à l’ancienne avec une belle et courte séquence ou Océane et Philippe Dean font l’amour en ombres portées dans un train passant sous un tunnel. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'OUVREUSE N'A PAS DE CULOTTE (Un classique de l'âge d 'or du porno français dont l'action se passe entièrement dans une salle de cinéma.) ou encore PARIS CHIC (Les dessous coquins de la capitale française vue par la caméra porno/glamour de Andrew Blake.).

Il est particulièrement émouvant de revoir ici, au détour de quelques séquences, des stars éphémères du porno français de la fin des années 90/début des années 2000. Comme Coralie Trinh Thi devenue depuis journaliste à Rock & Folk et qui écrivit également un sublime bouquin autobiographie de 781 pages sur ses années cul intitulé la Voix Humide.

Coralie qui fit partie du casting de la version filmée du Baise Moi de Virgine Despentes ou figurait la très jolie Karen Lancaume, également présente dans cet Enfer de Mario Salieri. Karen Lancaume qui, après avoir tourné une cinquantaine de films X en France et en Italie, se donna la mort dans un appartement parisien en janvier 2005. Elle n’avait que 32 ans.

Quant à Mario Salieri, il est, après le regretté Joe D’Amato, le réalisateur le plus réputé et populaire du porno italien. Né en1957 à Naples, Salieri a tourné près de 80 films X depuis ses débuts en 1986.  Sa carrière est d’ailleurs scindée en deux parties. D’un côté il réalise des pornos luxueux très riches en décors et en costumes comme son film de guerre X Band Of Bastards ou sa version très déculottée de Dracula de Bram Stoker. Et d’un autre côté, entre deux productions friquées, il tourne à la chaine de nombreux gonzos très salaces ou, la plupart du temps, de bedonnants quinquagénaires s’acharnent sexuellement sur de jeunes et très jolies demoiselles. Et ce dans des pièces vides et sans justification particulière de scénario. Un peu, finalement, comme une version live des exploits d’Harvey Weinstein !