L'INSOLENT

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Producteur et réalisateur,Jean-Claude Roy fait partie de ses artisans du cinéma français populaire, attachés à produire,  non pas à coté du système mais à l’intérieur de celui-ci quoique avec des moyens souvent modestes, ce que l’on appelle des films du samedi soir, des divertissements sans prétentions particulières. Jean-Claude Roy, qui débute sa carrière à la fin des années 1950 avec des films de cabaret comme Une nuit au Moulin Rouge, signera ainsi des comédies peu regardantes comme Les Combinards avec Darry Cowl ou Superflic se déchaine avec Paul Préboist), des drames érotiques comme Photo scandale ou Education anglaise et même des films X lorsque le filon sera rentable.

L’Insolent, réalisé en 1972,  relève d’un des genres principaux de la production hexagonale : le film de gangsters. Il y a de grandes chances que le succès du Cercle rouge de Jean-Pierre Melville, sorti un an plus tôt, ait donné l’idée à Roy de produire et réaliser une de ces histoires de truands souvent appréciées du public. Mais au hiératisme et à la stylisation melvillienne, le réalisateur va opposer une approche plus folklorique et plus naturaliste, plus traditionnelle en somme. Le film est tiré d’un roman de Jacques Risser qui signera le scénario et les dialogues.

Surnommé l’Insolent, un franc-tireur du Milieu, déserteur américain (nous sommes, après tout, en pleine Guerre du Vietnam) s’évade de la prison de la Santé. Il propose à un caïd, faussement retiré des affaires un casse spectaculaire, l’attaque d’un fourgon blindé. Comment le gangster américain et le truand français vont tenter de se faire mutuellement « marrons », pour reprendre leur expression, et comment se déclenchera un implacable mécanisme de vengeance constituent les éléments du récit de cet Insolent. Enfin, le clou du film c’est bien sûr cet étrange club privé où l’on joue au jeu des petits chevaux mais où les petits chevaux sont remplacés par des jeunes femmes très court vêtues.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE DEUXIÈME SOUFFLE ou encore UN HOMME EST MORT .

Le principal atoutde L’Insolent c’est bien sur sa distribution. Jean-Claude Roy s’est en effet amusé à multiplier des acteurs de caractères, des tempéraments, des trognes, des seconds rôles typiques.Le personnage principal de L'insolent est incarné par Henry Silva. Henry Silva est né le 15 septembre 1928 à New-York. Il suit les leçons de l’Actor’s Studio et débute dans des pièces à  Broadway. Hollywood l’engage pour incarner des méchants comme dans Le Trésor du pendu de John Sturges. Son  rôle le plus notable sera celui du personnage principal de Johnny Cool (en France La revanche du Sicilien) de William Asher où il excelle déjà en gangster impitoyable. A partir de 1966, il s’installe en Europe et devient une figure du cinéma bis italien en apparaissant dans des westerns comme Du sang sur la montagne de Carlo Lizzani ou dans des films policiers violents. On n’oubliera pas sa rencontre avec Tomas Milian dans le célèbre, pour les amateurs du genre, La Rançon de la peur d’Umberto Lenzi. La même année que L’Insolent il incarnera encore un truand dans un autre film français : Les Hommes de Daniel Vigne.

Face à Henry Silva, il y a André Pousse. Lui aussi abonné aux rôles de gangsters. Il est né à Paris le 20 octobre 1919. Il devient coureur cycliste et gagne les Six Jours du Vel’d’Hiv régulièrement entre 1942 et 1949. Lorsqu’il cesse sa carrière de sportif professionnel, il devient le manager d’Edith Piaf puis d’un certains nombre de vedettes de la chanson. Il sera aussi directeur artistique du Moulin Rouge. C’est un peu par hasard et amitié qu’il entre dans le cinéma. Son premier rôle dans D’où viens tu Johnny ? avec Johnny Halliday est déjà celui d’un trafiquant de drogue. Sa gouaille typiquement parisienne l’abonne désormais aux rôles de truands que ce soit dans des films sérieux ou des comédies. Il est proche de la bande de Michel Audiard et Il fera une prestation inoubliable en tueur froid dans Le Pacha de Georges Lautner en 1967. Melville l’utilisera cependant de façon plus sobrement subtile, même s’il y est encore un truand, dans Un Flic en 1972.

On aura aussi reconnu Philipe Clay dans le film. Le chanteur filiforme a en effet à son actif une carrière d’acteur importante. Son plus beau rôle étant peut-être celui de Valentin le désossé dans French Cancan de Jean Renoir en 1954.

Pour une fois j'ai réussi à regarder un film en entier. Pas de chichi, André Pousse en tôlier de club mafieux (au Moulin Rouge, dans la vraie vie, il a été blanc comme neige pourtant) et Henri Silva, l'alter ego du pauvre, obsédé par la frime et l'or, fait un coup fumant, ...