LA CHANSON D'UNE NUIT

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Un ténor, le grand Enrico Ferraro quitte Vienne en compagnie de son insupportable manager qui lui impose un rythme infernal. Mais, il parvient à lui fausser compagnie en prenant un train pour les Alpes suisses. Il se retrouve alors dans le même wagon qu’un escroc à la petite semaine et les deux compères vont s’installer dans un hôtel de luxe aux frais du ténor. Suite à un quiproquo la presse confond les deux hommes qui vont profiter de la situation. Ainsi commence, La chanson d’une nuit réalisé en 1933 par Anatole Litvak avec Jan Kiepura, Magda Schneider et Pierre Brasseur dans les rôles principaux.

Le film a été intégralement tourné en Autriche dans des conditions de production qui nous paraissent désormais très étranges mais qui en ce début des années 30 sont monnaie courante en Europe. Dans la mesure où les techniques de doublage n’existent pas encore, ils ‘agit principalement de valoriser chaque film dans les trois principales langues européennes : l’allemand, l’anglais et le français. C’est ainsi que La Chanson d’une nuit réalisée par Anatole Litvak cinéaste américain d’origine ukrainienne fut tourné simultanément trois fois!

On doit le scénario original à l’Allemande Irma Von Cube, tandis que Henri-Georges Clouzot en signa l’adaptation française. Chaque scène était ainsi tournée une fois dans chaque langue. Et c’est ainsi qu’apparaît parfois le nom du cinéaste français Pierre Colombier comme coréalisateur, alors qu’en fait qu’il n’était présent sur le tournage que pour faciliter la communication entre Anatole Litvak et les acteurs français de la distribution.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CHANTEUR DE MEXICO (Cette adaptation de la célèbre opérette réunie Luis Mariano, Bourvil et Annie Cordy.) ou encore SERENADE ("La chanson d'une nuit" a pour vedette le ténor polonais Jan Kiepura. Mario Lanza, lui, est Italo-américain et il a tourné une une dizaine de films, dont celui-ci, signé Anthony Mann.).

Au moment de la sortie du film en 1933, le chanteur polonais Jan Kiepura est « le plus grand ténor du monde » si l’on en croit les affiches du film. Parallèlement à sa carrière à l’opéra, il a entamé avec succès depuis 1931 une carrière cinématographique sous la direction de Carmine Gallone et Jean Boyer. Des films qui ne laissent pas forcément un souvenir impérissable mais c’est la présence du ténor qui leur assure à chaque fois une immense audience et sa notoriété est à son zénith.

Le film est par ailleurs le neuvième rôle au cinéma de Pierre Brasseur un jeune comédien qui a débuté sa carrière en 1924 sous la direction de Jean Renoir dans La Fille de l’eau. Quant à l’actrice Magda Schneider, qui incarne Mathilde, il s’agit de son premier rôle sur grand écran. La presse de l’époque remarque cette débutante qui deviendra un jour la mère de la future star Romy Schneider.

C’est en 1932 sur la recommandation d’Alphonse Osso, le futur producteur français de La Chanson d’une nuit, qu’un autre débutant nommé Henri-Georges Clouzot rejoint les studios Berlinois où il devient l’assistant d’Anatole Litvak. Jusqu’en 1934, il supervise ainsi les versions françaises des premiers films parlants des studios allemands. C’est durant cette période qu’il se forme à tous les métiers du cinéma. Il fait alors et selon son expression « le cinéma des autres » mais il s’agit d’un auteur et d’un cinéaste majeur en devenir.