LA COUR DE BABEL

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Ils viennent d’arriver en France. Ils sont Irlandais, Serbes, Brésiliens, Tunisiens, Chinois ou Sénégalais… Pendant un an, Julie Bertuccelli a filmé les échanges, les conflits et les joies de ce groupe de collégiens âgés de 11 à 15 ans, réunis dans une même classe d’accueil pour apprendre le français. Sur cette scène mondiale en miniature, s’expriment l’innocence, l’énergie et les contradictions de ces adolescents qui, animés, par le même désir de changer de vie, remettent en cause beaucoup d’idées reçues sur la jeunesse et l’intégration… Tel est le propos du film La Cour de Babel. 

Il s’agit du quinzième documentaire de Julie Bertuccelli, cette fois destiné au  cinéma, la grande majorité des autres films ayant été réalisés pour le petit écran.  La cinéaste est également l’auteur de films de fiction tels que Depuis qu’Otar est parti…, L’Arbre et La Dernière folie de Claire Darling  avec Catherine Deneuve dans le rôle principal. C’est en étant jurée dans un festival de films scolaires que Julie Bertuccelli a eu l’idée de filmer le quotidien d’une classe d’accueil d’enfants étrangers. 

« Je trouvais intéressant que ce ne soit pas des tout-petits qui viennent d’arriver pour lesquels ça peut être plus facile, mais des adolescents entre deux âges, entre deux mondes. » C’est ainsi que la réalisatrice justifie le choix de cette classe en particulier. De fait, les élèves sont presque des adultes, parfois même chargés de famille mais pour qui tout est encore possible, à condition précisément de mieux maîtriser le français.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DE CHAQUE INSTANT (Comme Julie Bertuccelli, Nicolas Philibert a choisi de s'immerger totalement dans un contexte scolaire en filmant le quotidien des étudiants de l'Institut de formation en soins infirmiers.) ou encore ENTRE LES MURS (Avec film, Palme d'Or en 2008, Laurent Cantet s'inspire du récit de François Bégaudeau centré sur son expérience de professeur en collège.).

De ses années d’assistante à la réalisation de cinéastes comme Rithy Panh, René Féret, Emmanuel Finkiel et Bertrand Tavernier, entre autres, Julie Bertuccelli a sans aucun doute gardé le sens et de la fiction et du documentaire, et comment ces deux genres, loin de s’opposer, se ressemblent et se complètent, notamment dans la nécessité de raconter une ou des histoires pour capter l’attention du spectateur. La Cour de Babel  ne fait pas exception à la règle : chaque jeune protagoniste est porteur d’une trajectoire singulière. 

La cinéaste a d’ailleurs fait le choix de rester à l’intérieur du collège pour raconter ces destins, sans entrer dans l’intimité des familles, sans filmer la vie quotidienne des élèves en dehors des heures de cours. Dès lors, cette classe devient comme un microcosme et Julie Bertuccelli filme la manière dont ces adolescents finissent par se connaître et vivent ensemble. Chacun révèle ainsi une partie de sa personnalité et de son parcours. Les parents existent ainsi bel et bien mais dans les rapports qu’ils entretiennent avec le collège. 

Cette immersion a duré une année scolaire entière, à raison de deux tournages par semaine. Il a fallu ensuite faire bien évidemment des choix de montage, Julie Bertuccelli ne souhaitant pas, par exemple, centrer son film sur le seul apprentissage du français. Sans compter a contrario les inévitables frustrations engendrées par la certitude d’avoir raté tel ou tel moment important dans la vie de la classe. A l’instar de ce matin où Maryam la jeune Libyenne est arrivée en classe en brandissant le journal annonçant la mort de Kadhafi suscitant ainsi une discussion enflammée entre les élèves… Un film est aussi fait de tels « manques ».

Comme j'ai été touchée par ce documentaire, qu'ils sont beaux, humbles, drôles et solaires, ces gamins, qui ont bien souvent échappé à des drames terribles...Comme le regard de la réalisatrice est juste, laisse aller la spontanéité - parfois jusqu'à une certaine incompréhension, ...

Le manque d'accès au langage, c'est le début de la violence. Celle de ne pas pouvoir exprimer ses sentiments, ses pensées, leur complexité, leurs incohérences, leurs nuances. Dans cette frustration nait la source de l'agressivité verbale et physique... Alors quand on a 14 ...

Optimisme, sincérité et simplicité, tels sont les maîtres-mots de ce documentaire qui pose son regard sur une classe de collège un peu particulière. Des enfants de 11 à 15 ans, originaires d'un peu partout sur Terre, issus de cultures variées et dotés de passifs bien différents, ...