LA FÊTE SAUVAGE (VERSION RESTAURÉE)

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Bon, d’accord : le documentaire animalier est devenu un genre à part entière, qui déferle désormais sur nos écrans à un rythme annuel et effréné. Mais en 1976, il en était tout autrement. Les films mettant en scène nos amies les bêtes étaient rarissimes au cinéma, réservés quasi uniquement à la télévision.

C’est dire si La fête sauvage de Frédéric Rossif, que vous allez découvrir ou redécouvrir dans un instant, a fait sensation. Pour le grand public, c’était parfois la toute première occasion de voir sur un grand écran des animaux en liberté. Des fauves filmés dans leur intimité, leurs affrontements, leur quotidien. Aujourd’hui encore, les amoureux de la nature mais aussi les cinéphiles considèrent cette œuvre-là comme un des moments pionniers du cinéma animalier. Costa-Gavras par exemple en parle comme de l’exemple le plus complet et les plus abouti dans cette catégorie.

Autant de bonnes raisons pour vous de savourer les 92 minutes qui suivent : vous allez avoir la sensation que votre canapé s’est subitement installé au cœur de la savane...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN JOUR SUR TERRE (Découvrir les merveilles de la nature comme des témoins privilégiés : offre magnifique que ces deux documentaires rendent possible...) ou encore FÉLINS (Les animaux les plus sauvages réservent parfois de surprenants moments de tendresse, que la caméras parvient à fixer dans ces deux films).

Avouez-le : aviez-vous déjà vu des lions, des antilopes, des gnous, des éléphants ou des rapaces d’aussi près ? Je ne vous parle pas d’aller visiter des créatures neurasthéniques derrière les grilles d’un zoo, (où même le plus dynamique des hippopotames ressemble à un vieux zodiac en manque de rustine), mais bien d’animaux libres, superbes, pleins de vie !

Il faut dire que derrière les caméras de cette Fête sauvage c’est un des plus grands spécialistes mondiaux du film animalier qui a sévi. Frédéric Rossif est une légende dans son domaine. Ancien héros du débarquement sur les plages normandes, il collabore dès 1948 à la Cinémathèque Française, avant de se tourner vers la télévision au travers d’émissions de légende comme « 5 colonnes à la une » ou « La vie des animaux ». C’est auprès des bêtes justement qu’il va trouver sa raison de vivre sa passion pour la caméra, en enchaînant les films de référence mais sans jamais perdre sa passion de l’infirmation de vue. Rossif alternera films animaliers et films témoignages sur son époque, comme le remarquable « De Nuremberg à Nuremberg », récit implacable de l’Allemagne nazie... Pour La fête Sauvage, le cinéaste s’est immergé près de quatre ans au cœur de son sujet, sillonnant les pistes balisées et les méandres insondables de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique du sud. Un périple exceptionnel pour un résultat qui l’est tout autant et cette sensation au final pour le spectateur d’avoir partagé un peu de l’existence de ces créatures qui nous ressemblent tant, comme leur violence, leurs amours, leur hiérarchie, leur besoin de conquérir un territoire et leur innocence aussi...

Rossif lui-même considérait d’ailleurs ce film non pas comme un documentaire mais comme une œuvre célébrant "l’amour, le jeu et la mort". Une sorte de rêve éveillé renvoyant à nos instincts ancestraux et à cette nécessité de rêver encore au temps jadis où nos ancêtres tout juste sortis de la préhistoire arpentaient des territoires encore vierges...

Avec la fête sauvage, Fréderic Rossif transforme le documentaire animalier en pur film de cinéma. Un puzzle d’images, de moments captés : chasse, parade amoureuse, … assemblés et entremêlés suivant un montage sensoriel, enveloppés par la musique électronique de Vangelis, ...