LA FOLLE DE CHAILLOT

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En juin 1970, 25 ans après la création de la pièce (posthume) de Jean Giraudoux – qui eut lieu au théâtre de l’Athénée, en décembre 1945, avec Marguerite Moreno dans le rôle-titre –, la Folle de Chaillot revint à Paris, en Technicolor et en Panavision, avec, cette fois, dans le rôle-titre : Katharine Hepburn.

Sublime clocharde, l’excentrique et fantasque comtesse Aurélie, qui s’est réfugiée dans le passé et que l’on surnomme la Folle de Chaillot, découvre que quelques affairistes sans scrupules ont décidé de raser la capitale afin d’en extraire tout le pétrole que, d’après leurs études, son sous-sol ne manquerait pas de receler. Afin de déjouer ce plan machiavélique, elle va leur tendre un piège, avec la complicité d’une poignée de gueux et de gueuses de ses amis. Parmi ceux-ci, vous reconnaîtrez notamment : Danny Kaye, en chiffonnier sentimental et philosophe, et Giulietta Masina, en Folle de Passy.

Mais la distribution de ce film, réalisé en 1969 par Bryan Forbes, en grande partie dans les studios niçois de la Victorine, est si éblouissante qu’il est impossible de citer l’ensemble des interprètes que, de toute façon, vous allez tous reconnaître, de Yul Brunner à Charles Boyer en passant par Claude Dauphin ou Donald Pleasence.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA VIEILLE DAME INDIGNE (1965) (La vieille Madame Bertini (Sylvie), mériterait bien le surnom de Folle de Marseille !) ou encore LE PETIT SOLDAT (1963) (La première fois que Michel Subor rencontre Anna Karina dans le Petit soldat, il déclare : « Elle avait l’air de sortir d’une pièce de Giraudoux. »).

En parcourant le numéro de mars 1968 des Cahiers du cinéma, on découvre un bref entretien accordé par John Huston, dans lequel il déclare : « Nous allons tourner la Folle de Chaillot en janvier, presque entièrement dans le sud de la France. J’ai aimé la pièce dès la première fois que je l’ai vue et quand Katharine Hepburn – qui en avait acheté les droits – m’a parlé d’en faire un film, je n’ai pas hésité. » Outre Katharine Hepburn et Giulietta Masina, Huston annonce la participation de Simone Signoret, de Catherine Allegret et de Jacques Perrin… tous trois finalement absents de la version définitive, tout comme Huston, lui-même, qui l’abandonnera 17 jours avant le début du tournage, au profit de son collègue anglais, Bryan Forbes.

Sorti à Paris le 12 juin 1970 – en VF au Marivaux et au Bretagne, en VO au George V –, le film que vous venez de voir fut un énorme fiasco, n’ayant fait se déplacer que 10.050 spectateurs, au cours de ses deux uniques semaines d’exclusivité. Un mois après cet échec remarqué, dans la revue Actualité, Jean-Pierre Giraudoux, le fils du dramaturge, répondait sans équivoque à la question d’un journaliste : « Pourquoi un tel fiasco ? ». « Mais parce que le film est mauvais, assena tout simplement l’héritier. La Folle de Chaillot est un épouvantable film, parce que le metteur en scène est un épouvantable metteur en scène. Le scénario est un épouvantable scénario et en plus, pour la première fois de sa vie, Katharine Hepburn est mauvaise comme un cochon. » On ne fait pas plus aimable.

Pour être honnête, la presse, dans son ensemble, n’est pas loin de penser (et donc d’écrire) la même chose. A propos de la comédienne, on peut lire, en effet : « Elle n’a rien compris au rôle. Elle n’a même pas cherché à le comprendre », ou encore, c’est une « actrice trop distinguée pour s’identifier à l’exubérance criarde qu’exige le personnage ». Seul, Jean de Baroncelli écrit dans le Monde : « Ce que fait Katharine Hepburn est d’une grande intelligence. » Le film, en revanche, fait l’unanimité : Pour Paris Presse, c’est une « inadmissible trahison ». Pour les Nouvelles Littéraires, Bryan Forbes « n’a pas les épaules assez larges ». Même Jean de Baroncelli s’en donne à cœur joie : « Les admirateurs de Jean Giraudoux, prévient-il, vont souffrir. Sa Folle de Chaillot a été massacrée par les Américains. On s’y attendait un peu, mais les dégâts dépassent les prévisions. » Ironique, Henry Rabine dans la Croix s’interroge : « Faut-il voir le film ? Mais bien entendu, se répond-il à lui-même, ne serait-ce que pour avoir envie de revoir la pièce au théâtre (et en français) ! »

Un film que j'ai beaucoup aimé qui n'est pas sans rappeler ceux de Capra par leur enthousiasme et leur optimisme ; La Folle de Chaillot c'est une belle histoire jouée par un casting fabuleux. Dommage que ce joli film semble si peu aimé mais moi je l'ai trouvé réjouissant ...

La Folle de Chaillot (The Madwoman of Chaillot) est un curieux film britannique réalisé par Bryan Forbes, écrit Edward Anhalt d'après la pièce éponyme de Jean Giraudoux... qui met en scéne dans le Paris de mai 1968... une vieille excentrique du quartier de Chaillot qui, ...