LA GRANDE ÉPOPÉE

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Octobre 1974… Sexorama est un magazine érotique dont les ventes commencent à baisser. Le propriétaire du journal engage la très mignonne Hélène qui, il l’ignore, sort de prison pour avoir pratiqué des avortements clandestins. La loi sur la dépénalisation de l’avortement ne sera votée que l’année suivante. Il n’empêche qu’Hélène a un vrai style et qu’elle sait écrire. Elle est donc intégrée à l’équipe rédactionnelle et elle va finir par convaincre le propriétaire de publier des trucs plus gonflés, plus hard que des séries de photos de jeunes filles dénudées et des reportages de charme un brin désuets… Elle propose de faire des récits pornos illustrés par de vraies photos pornos. Le casting et les tournages commencent. Sous forme de photo roman les situations sont mises en place avec des phylactères où les personnages parlent comme dans les bandes dessinées. Mais grâce à des effets spéciaux et un montage efficaces la scène tourne au réel et nous assistons à des performances sexuelles d’une formidable intensité.

Jack Tyler reconstitue avec un plaisir visible l’ambiance du hard de l’époque où l’on découvrait la pornographie destinée au grand public.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver QUEUE DE BÉTON (MICHEL BAUDRICOURT - 1978) (A l'instar de Jack Tyler, Michel Baudricourt nous fait découvrir les coulisses de la pornographie en France dans les années 70.) ou encore THE DEVIL IN MISS JONES (GERARD DAMIANO - 1973) (En 1974, l'année où se déroule l'intrigue de "La grande Épopée", le film de Damiano est projeté par surprise, en séance de minuit, au Festival d'Avoriaz.).

Un cadre particulièrement soigné et une photo de grande qualité sont au service de ce film terriblement efficace. Le son direct nous montre à quel point nous avons affaire à de bons acteurs et cela ajoute également au trouble lors des scènes de sexe.

Puisque nous parlons des acteurs, arrêtons-nous (quel plaisir) quelques instants sur  Lou Charmelle. D’une nature plutôt libérée, elle découvre le X en visitant un salon de l’érotisme à Bordeaux en 2008. Elle rencontre Fabien Lafait qui lui fait tourner sa première scène hard avec Sébastien Barrio, un vrai pro. Lou est conquise par l’ambiance et le professionnalisme de ses partenaires. Elle entame alors une carrière de hardeuse et va commencer à tourner pour les plus grands réalisateurs du moment : Yannick Perrin, John B. Root, Hervé Bodilis, Ovidie. Elle sera même réclamée aux Etats-Unis où elle sera très appréciée par les producteurs de la Porn Valley. Lors d’une interview accordée à Rue 89, on lui demandait si la pornographie pouvait être assimilée à la prostitution. Elle a eu cette réponse pertinente : « Dans le porno, tous les partenaires sont payés, tandis que dans la prostitution, un des partenaires est celui qui paye l’autre. Ça change tout ! »  Après un peu plus d’une centaine de films elle a officiellement décroché en 2012 et vit depuis en Suisse.

Attardons-nous maintenant (quel régal) sur Liza Del Sierra. Danseuse de formation, grâce à sa plastique impeccable et sa souplesse exceptionnelle elle a rapidement séduit le petit milieu du X. Mais se serait terriblement réducteur de ne la considérer que comme une hardeuse bien foutue. C’est également une formidable comédienne qui défend ses rôles avec conviction et talent. J’en veux pour preuve le film qu’elle a tourné en 2011 pour Emmanuel Sylvestre : Villa captive. Elle y incarne Lucy Lust, une ex-star du cinéma porno qui a mis un terme à sa carrière et qui décide de s’installer dans une villa isolée à Miami. Elle pense pouvoir mener désormais une vie tranquille mais certaines personnes vont se charger de lui rappeler son passé dans un déchainement de haine et de violence. A propos, je ne saurais trop vous conseiller l’intéressante interview que Liza Del Sierra a accordée à Christophe Lemaire sur votre site favori : FilmoTV.