LA GRIFFE

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Nous sommes dans les années 60. Un jeune garçon se tue à ski dans les Alpes autrichiennes. Son père, agent de la CIA ne croit pas à l’hypothèse de l’accident. A mesure qu’il progresse dans son enquête, il comprend qu’il est tombé dans un piège. En dire plus serait en dire trop, tant le plaisir pris à la GRIFFE tient à aux surprises que le film réserve. Est-ce un film d’espionnage maquillé en thriller ou un thriller maquillé en film d’espionnage ? Toujours est-il que le film est vif et sans temps morts. Et que les paysages neigeux qui lui servent de décor, sont la métaphore parfaite de la Guerre, Froide évidemment, qui va se jouer durant toute la GRIFFE. Un titre dont vous allez bientôt comprendre la signification.   

Le réalisateur de LA GRIFFE, c’est Franklin J. Shaffner, mort en 1989 à l’âge de 69 ans. Assez peu souvent cité au panthéon des réalisateurs américains qui ont compté, il est pourtant loin d’être un cinéaste mineur. Qu’on en juge, LA PLANETE DES SINGES avec Charlton Heston, c’est lui, PATTON, portrait du général américain avec George C.Scott, c’est lui aussi. Et PAPILLON, récit spectaculaire et émouvant d’une évasion avec Steve McQueen et Dustin Hoffman, c’est toujours lui. On a vu C.V. moins flatteur!    

Il pense déjà à LA PLANETE DES SINGES qu’il va tourner l’an prochain quand on propose à Schaffner de tourner ce thriller d’espionnage. Lui qui aime les fortes personnalités va se mesurer au charisme de Yul Brynner. L’acteur des DIX COMMANDEMENTS, des SEPT MERCENAIRES et de TARASS BOULBA rayonne tout particulièrement d’ambiguïté dans ce film. Mené à grande vitesse par l’acteur, LA GRIFFE se révèle alors comme un vrai film d’époque, celle de la Guerre Froide, parfaitement restituée mais aussi un film entièrement contemporain puisqu’il y est question de clonage humain. Mais chut… n’en disons pas plus.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SERPENT DE HENRI VERNEUIL (1972) (Proche de La griffe par les thèmes qu'il aborde, le film a également pour vedette Yul Brynner.) ou encore LA TAUPE DE TOMAS ALFREDSON (2012) (C'est probablement la meilleure adaptation de John Le Carré. Le film restitue de façon saisissante l'ambiance dans les services secrets britanniques au début des années 70.).

Légèrement déserté aujourd’hui par les cinéastes, le film d’espionnage a longtemps été l’un des genres majeurs du cinéma et plus précisément du cinéma américain. Un genre qui s’est épanoui au mitan des années 70, en pleine guerre froide, cette guerre qui ne disait pas son nom, entre les Etats Unis et l’URSS, entre la fin de la seconde guerre mondiale et la chute du Mur de Berlin. Les crises politiques diverses, les incidents diplomatiques, les enlèvements, les meurtres, les échanges d’agents, et d’argent, tout ce qui fait l’ordinaire de ces soldats de l’ombre a fait l’objet de nombreux films. 

Dès 1949, la partition des deux Allemagnes est au centre d’un des chefs d’œuvre du cinéma, LE TROISIEME HOMME de Carol Reed et sa mémorable scène de course poursuite avec Orson Welles dans les égouts de Vienne. Beaucoup plus tard, lorsque James Bond règnera sur les écrans, dévoyant le genre de façon très fantaisiste, un cinéma d’espionnage beaucoup plus sérieux va venir illustrer cette guerre feutrée entre les Etats Unis et l’Union Soviétique. C’est l’époque, 1985, où sort L’ESPION QUI VENAIT DU FROID de Martin Ritt, adapté du maître du genre John Le Carré et considéré encore aujourd’hui comme un classique du genre.

Hitchcok lui-même va apporter sa pierre à l’édifice en tournant LE RIDEAU DECHIRE avec Paul Newman, célèbre pour une très longue scène de meurtre. Il y eut LA LETTRE DU KREMIN de John Huston en 1970, LE SERPENT d’Henri Verneuil en 1973 ou OSTERMAN WEEK END de Sam Peckinpah en 1983 qui signe à sa façon le glas du genre. Mais le plus beau film d’espionnage de ces années là reste LES TROIS JOURS DU CONDOR, superbe thriller paranoïaque avec Robert Redford et Faye Dunaway. Le genre était carrément tombé en déshérence ces dernières années. Heureusement, en 2011, avec LA TAUPE, le suédois Tomas Anderson ressuscitait superbement les vieilles figures de la Guerre Froide au cœur des services secrets britanniques dans les années 70 dans cette adaptation du best seller de John Le Carré. Le film d’espionnage n’a pas dit son dernier mot !

Un Schaffner méconnu et certainement pas son film le plus marquant mais néanmoins suffisamment bon et prenant pour le regarder avec en prime Yul Brynner très charismatique et très bon dans la peau de cet agent de la CIA d'apparence froide, un type de rôle qui lui va comme ...

Voici un exemple rare de titre français plus réussi et bien meilleur que le titre anglais qui a plutôt tendance à spoiler les 45 dernières minutes du film ; car cette griffe joue également un rôle prépondérant dans le final. Il s'agit d'un film que je n'avais pas revu ...