LA LOI DE TÉHÉRAN

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En Iran, la drogue est un fléau. Les consommateurs se comptent par millions, les trafiquants ne font pas dans la demi-mesure, car de toute façon, s’ils se font arrêter, c’est la peine de mort qu’on leur promet. Le pays est gangréné et la police est sur les dents. 

Samad est flic. D’opérations choc en arrestations, il remonte finalement le plus gros trafic et arrête enfin Nasser Khakzad, le plus gros bonnet du pays. Mais la satisfaction de l’un va être rapidement sapée par la malice de l’autre. 

Polar nerveux comme l’Iran nous en a rarement livrés, La Loi de Téhéran, signé du surdoué Saeed Roustayi, se meut soudain en chronique sociale puissante, non loin des contes moraux d’Asghar Farhadi. Un film événement qui fit le bonheur du box-office français pendant l’été 2021.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UNE PLUIE SANS FIN (Le polar chinois UNE PLUIE SANS FIN avait renouvelé un genre un peu routinier.) ou encore LE CAIRE CONFIDENTIEL (Sorti lui aussi un été, LE CAIRE CONFIDENTIEL, comme LA LOI DE TÉHÉRAN a été un succès-surprise en salles.).

Dans la peau de Samad, le flic retors aux méthodes très directes, on retrouve Payman Maadi, Iranien né à New York en 1970. Vous ne connaissez que lui : après avoir été plusieurs années scénaristes, il se lance en tant qu’acteur et démarre devant la caméra d’Asghar Farhadi : il joue d’abord dans A Propos d’Elly en 2009, aux côtés de Golshifteh Farahani, puis il est le fameux Nader du thriller conjugal Une séparation, Ours d’or à Berlin en 2011 et Oscar du meilleur film en langue étrangère. Fort de la notoriété mondiale de ces deux films iraniens, il a pu rejoindre Kristen Stewart dans le film américain Camp X-Ray de Peter Sattler, enchaîner avec 13 Hours de Michael Bay (pour qui il travaillera à nouveau dans 6 Underground), jouer Salim dans la mini-série The Night Of face à John Turturro et Riz Ahmed, puis se laisser diriger par Anne Fontaine dans le film français Police.

Sorti le 28 juillet 2021, alors que le pass sanitaire, selon tous les experts, sapait la fréquentation des salles, La Loi de Téhéran a clairement tiré son épingle du jeu en réunissant 164.845 spectateurs. C’est LA grosse surprise de ce box-office estival, un score inespéré pour un petit polar iranien, finalement resté à l’affiche pendant 16 semaines ! Le distributeur WildBunch avait déjà parié sur cette période – fin-juillet – pour sortir un autre polar, chinois cette fois, en 2017 : Une pluie sans fin, qui lui, avait séduit plus de 138.000 spectateurs. La même année, le box-office avait vu rose avec un autre thriller très discret, un autre sleeper-hit : le suédo-germano-égyptien Le Caire confidentiel et ses 380.000 entrées – de quoi ravir son distributeur Memento Films.

La Loi de Téhéran a été aussi un gros succès en Iran que le réalisateur Saeed Roustayi impute à l’authenticité du film : « Il me semble que lorsqu'un spectateur perçoit une proximité avec la réalité dans un film, il incite les autres à aller le voir, dit-il sur le site Allociné. La meilleure publicité pour un film en Iran est le bouche-à-oreille. Ce n'est pas tant la télévision qui incite les gens à aller voir un film que l'avis de leur entourage. Le succès de mon film vient donc de sa véracité, et du processus d'identification qu'il suscite auprès du public. » Pourtant, tout n’était pas gagné pour autant. Le réalisateur avoue avoir subi des pressions pour modifier le scénario… Puis, « une fois qu'il a été tourné, c'est la brigade des stupéfiants qui a cherché à empêcher sa sortie. Ses représentants estimaient en effet que leurs efforts n'étaient pas assez représentés dans le film. Notre position a été de dire que nous ne réalisions pas un film de commande à la gloire de la police, mais que nous nous intéressions à des êtres humains, toxicomanes, trafiquants ou policiers. »

A l'éternelle question de savoir si la censure (et, d'une façon plus générale, la contrainte) est un facteur de créativité, La loi de Téhéran apporte une nouvelle confirmation éclatante. Une réponse qui s'appuie même sur un contre-point contemporain flagrant, puisqu'on ...

Finalement, nous sommes tellement obnubilés en Occident par la dictature religieuse en Iran que nous avons presque du mal à imaginer un film iranien (ou même un film sur l'Iran) qui ne traite pas d'une manière ou d'une autre de la situation de la femme ou du lourd couvercle ...

La course poursuite qui ouvre La Loi de Téhéran ne ménage pas d’introduction contextuelle : des portes fracassées à la fosse dans laquelle une petite frappe finit enterrée vivante, les rôles sont définis, le décor posé, et la tragédie formulée. De l’impuissance ...