LA MAISON DE BAMBOU

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Comment faire pour entrer dans un gang ? Etre choisi par le parrain. Non il ne s’agit pas de mafia italienne, non ce n’est pas New York, mais un film qui cache son jeu et dont le titre est pourtant si paisible : « House of bamboo » (La maison de bambou).

Cette oeuvre singulière et magistrale signée de Sam Fuller est aussi américaine que possible et pourtant elle se déroule intégralement au Japon, à Tokyo particulièrement. C’est même, en 1955, le premier film hollywoodien intégralement tourné au pays du Soleil Levant.

Robert Stack fermé comme une huitre, dur comme le diamant approche l’implacable mais charmant Robert Ryan. Car, les voyous américains sévissaient en ces temps-là dans les maisons de bambou.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver YAKUZA DE SIDNEY POLLACK (1974) (Immersion d'enquêteurs privés dans les lieux de crimes nippons, confrontation culturelle entre la culture de la violence américaine et la violence de la culture japonaise, c'est le vrai suspense de ce film écrit par Paul Schrader.) ou encore LOST IN TRANSLATION DE SOFIA COPPOLA (2003) (Dans un Tokyo contemporain la rencontre en décalage amoureux entre un acteur un peu mûr et une jeune femme désabusée. Le Japon est devenu pour l'Américain un lieu de pacifisme où l'on ne fait plus la guerre mais pas encore l'amour. Et c'est le point de vue d'une femme qui prévaut.).

Avant sa période protestataire, Fuller fut un cinéaste hollywoodien brillant et, c’est le cas de le dire le concernant, un bon petit soldat. Ce film montre pourtant qu’au sein du studio il s’est déjà affranchi des règles. Il s’agit en fait d’un faux remake à partir du scénario de Harry Klenner pour autre film Fox, « The street with no name » de William Keighley, sorti 7 ans auparavant. Sauf que Fuller quitte l’Amérique pour l’orient ce qui change tout et qu’il introduit de manière quasi explicite l’homosexualité du personnage principal.

Tokyo et les japonais ne sont pas qu’une toile de fond. Le film tourné pendant l’hiver 1955 a une puissance documentaire impressionnante et ne montre pas un peuple vaincu, au contraire.  D’ailleurs le cinéaste passant outre certaines autorisations a filmé bien des séquences en caméra cachée. C’est aussi une des clés du film : une vision de l’intrusion américaine et une accusation en creux du comportement des vainqueurs et des profiteurs de guerre.

D’après Robert Stack, le cinéaste, selon sa bonne habitude, aurait fait tirer quelques balles réelles lors de scènes de fusillades, au grand effroi des acteurs non prévenus. Il n’est pas sûr qu’il se serait amusé à ça avec Gary Cooper initialement pressenti pour incarner le personnage. Sauf que la star trop célèbre au Japon pour jouer incognito dans les rues ne fut pas du voyage final. On avait évoqué aussi le nom de Victor Mature avant que Stack n’endosse le costume de l’agent infiltré. Il faut bien du talent pour jouer un invisible.

Un film noir (en couleurs, par ailleurs sublimes) avec comme décor le Japon au lendemain de la guerre, il fallait oser, Fuller l'a fait ! Premier film hollywoodien à être entièrement tourné au Pays du Soleil Levant après 1945, House of Bamboo est surtout l'occasion pour Fuller ...

Plus qu'un film policier, la Maison de bambou illustre surtout la fascination de Samuel Fuller pour les rapports virils dont la trahison, celle qui révèle l'aveuglement dont les personnages sont victimes et qui ressemble fort à celui que cause quelquefois le sentiment amoureux. ...

"La Maison de bambou" est un polar que Samuel Fuller a tourné entièrement au Japon quelques années après la fin de la capitulation du Japon. On est dans un contexte d'occupation américaine où suite au meurtre d'un américain lors d'une attaque de train, un flic de la MP, ...