LA PLUS BELLE SOIRÉE DE MA VIE

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La Plus belle soirée de ma vie est l’adaptation cinématographique d’une pièce radiophonique intitulée la Panne, écrite en 1956 par le Suisse Alémanique Friedrich Dürrenmatt, également auteur, la même année, de la Visite à la vieille dame, une pièce souvent représentée depuis et plusieurs fois adaptée à la télévision et, une fois, au cinéma, dans la Rancune, une co-production américano-germanico-franco-italienne, avec Ingrid Bergman, Anthony Quinn et Claude Dauphin, déjà ! L’écrivain helvète est, également, l’auteur de la Promesse, un roman policier dont s’empara Sean Penn et qui devint, en 2001, The Pledge, avec Jack Nicholson.

C’est au début des années 1970 que Ettore Scola, la quarantaine, scénariste prolixe depuis 1952 – on lui doit, entre autres, plusieurs films de Dino Risi dont le Fanfaron – et réalisateur depuis 1964 – Belfagor le magnifique, c’est lui – s’intéresse au récit de Dürrenmatt, et l’adapte, en le rendant moins sombre – l’accusé du procès fictif avait, effectivement, commis un crime et se suicidait au petit matin – et convie, devant sa caméra, Alberto Sordi, qu’il avait déjà dirigé en homme d’affaires devenu sorcier dans le très satyrique Nos héros retrouveront-ils leurs amis mystérieusement disparus en Afrique ? Cette fois, il en fait un industriel romain tombant en panne, avec cent millions de lires dans un sac, pas loin du château, isolé et impressionnant, du comte de la Brunetière, alias Pierre Brasseur, qui, avec trois amis, tous d’anciens magistrats en retraite, distrait son hédoniste oisiveté à rejouer de grands procès historiques, de Jeanne D’Arc à Pétain, autour d’un fin repas gastronomique. Il y a Lutz, le président, Charles Vanel ; Zorn, le procureur, Michel Simon et Buisson, le greffier, Claude Dauphin, personnage ajouté par Scola, tout comme celui de Simonetta, l’accorte soubrette.

Le film est produit par Dino De Laurentiis qui, la même année, quitte l’Italie et part s’installer aux états-Unis où il poursuivra son impressionnante carrière, de Riz amer à Serpico, de la Strada au Trois jours du condor en passant par les Nuits de Cabiria, le Tigre se parfume à la dynamite, de Chabrol ou encore King Kong, la version de 1976. Une longue liste qui ne s’achèvera qu’à sa mort, survenue en novembre 2010.

Voici donc la Plus belle soirée de ma vie, sorti en Italie fin 1972, mais qui devra attendre sept ans pour être distribué en France, le temps qu’Alberto Sordi se familiarise suffisamment avec la langue de Molière pour se doubler lui-même.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE LIMIER (1972) ou encore LES VIEUX DE LA VIEILLE (1960) .

Dans les Derniers trombones, le livre de Claude Dauphin retraçant le tournage de la Plus belle soirée de ma vie – le mot « trombone » désignant, en Italie, ceux que nous appelons, en France, les « monstres sacrés » –, le comédien raconte le quotidien de ce tournage étonnant qui, dans la chaleur de l’été 1972, réunit à Brunico, « plaisante bourgade » italienne, quatre « trombones » à qui Claude Dauphin commença par faire remarquer qu’en additionnant leurs âges respectifs, ils arriveraient à trois cents ans et qu’en se mettant les uns au bout des autres, ils pourraient, ainsi, assister à la mort de Molière dans le Malade imaginaire, en 1673, ce à quoi Michel Simon rétorqua, « Je suis nul en mathématique », Pierre Brasseur, « Il est pas mort en scène » et Charles Vanel, « Si vous avez l’intention de dire des conneries pendant six semaines, vous devriez tenir un livre de bord. » Le ton était donné !

Dans ce petit livre, paru en 1979, quelques mois après la mort de son auteur, on apprend, pêle-mêle, que Michel Simon s’était fait accompagner pour le tournage par une certaine Mme Charlotte, quadragénaire biterroise « digne et réservée » et que, totalement végétarien, il refusa de manger du faisan et de la truite prévus dans la longue scène du repas gastronomique, « ça n’est pas dans mon contrat que je dois bouffer un faisan » criait-il, avant de refuser, bien que sujet Suisse, de tourner un 14 juillet !

De son côté, Pierre Brasseur avait été rejoint par une jeunesse de 19 ans, prénommée Tatiana bien qu’originaire de Garges-les-Gonesses, et, incapable de se souvenir de son texte, il improvisa complètement la scène de la plaidoirie, en détournant la tête de l’objectif dès que les mots venaient à lui manquer, sachant que le film serait, plus tard, postsynchronisé.

Très ému, Claude Dauphin raconte aussi la mort de Brasseur, le 14 août, à 21h, en compagnie de Tatiana. Il se souvient, entre autres, de cette ultime bouteille de champagne que le comédien venait de commander et qu’une serveuse, tout sourire, apportait dans la chambre alors qu’il poussait son dernier soupir. « J’ai pensé, plus tard, écrit Dauphin, que nous aurions dû la boire à son chevet, en hommage et en souvenir. »

On ajoutera qu’Alberto Sordi, le partenaire transalpin de ce quatuor hors d’âge, était un célibataire endurci de 52 ans lorsqu’il accepta d’affronter cette bande de joyeux galopins, ayant tous – à l’exception de Claude Dauphin – entamé leur carrière au temps du cinéma muet ! Et, durant toutes ces années, les uns et les autres avaient eu l’occasion de se croiser sur le tournage de films plus ou moins oubliés. En tout, une bonne quinzaine. On retiendra la plus ancienne rencontre qui eut lieu en 1927, Pierre Brasseur était l’ordonnance d’un militaire joué par Charles Vanel dans Feu !, un film de guerre écrit et réalisé par Jacques de Barroncelli, mais il y eut aussi, et surtout, Michel Simon et Claude Dauphin dans le prologue de Faisons un rêve, de Sacha Guitry, Pierre Brasseur et Claude Dauphin dans deux tableaux différents du Plaisir, de Max Ophüls, et, enfin, Michel Simon et Pierre Brasseur, en méchants, l’un et l’autre assez méprisables, dans Quai des brumes et en frères ennemis dans le Bateau d’Emile, de Denys de la Patellière. Et figurez-vous qu’en 1942, dans Promesse à l’inconnue, le brave André Berthomieu avait déjà réuni, autour de Madeleine Robinson, Charles Vanel, Claude Dauphin et Pierre Brasseur.

Il s'agit d'une comédie noire. Le docteur Rossi se rend en Suisse pour y placer son argent ... En route il rencontre une jeune femme à moto qui l'emmène dans un coin isolé ... et Rossi tombe en panne. Il est accueilli dans un château par un comte et ses amis, tous d'anciens ...

La même année que "Le Limier" de Mankiewicz, Scola réalise un film sur un jeu cynique et quasi mortel où Alberto Sordi se fait abuser par 4 grands acteurs (Pierre Brasseur, Claude Dauphin, Charles Vanel et Michel Simon) dans un château suisse. Final macabre tel que la sentence ...

Une rareté signé E. Scola, entre comédie satirique et thriller machiavélique. L'idée de départ du scénario est bien imaginée, ce qui fait la force de l'intrigue, c'est l'ambiguïté. On ne sait pas si tout n'est qu'un jeu ? La distribution est joliment orchestrée avec ...