LA POISON

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En 1951, Sacha Guitry est opéré d’un ulcère de l’estomac et se repose à Deauville. Des amis viennent lui rendre visite dont un avocat qui célèbre l’un de ses nombreux acquittements. Guitry va s’inspirer de cette anecdote pour se lancer dans l’écriture de Paul Braconnier, qui change de titre pour La poison. Il y raconte comment un homme, qui ne supportant plus son épouse, va mettre en place son futur acquittement avant même d’avoir assassiné sa moitié.

L’auteur délivre ici un film noir cynique et une critique limite anarchique sur le système judiciaire en place. Guitry se renouvelle ainsi, abandonnant les adaptations de ces pièces de théâtre à l’écran, et pour un temps ses chroniques historiques.

Pour interpréter son personnage principal, Guitry choisit Michel Simon qu’il a déjà fait tourner brièvement 15 ans plus tôt dans Faisons un rêve. Le comédien nous rend sympathique ce criminel et manie avec dextérité les dialogues écrits par l’auteur. Guitry refera appel à Simon par la suite pour La vie d’un honnête homme, et pour sa dernière réalisation Les 3 font la paire.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver COMMENT TUER VOTRE FEMME ? (C'est également la question que se pose Michel Simon dans La Poison. Dessinateur de BD excentrique, Jack Lemmon se retrouve ici accusé du meurtre de son épouse.) ou encore UN CRIME AU PARADIS (50 ans après le film de Guitry, Jean Becker en réalise un remake, adapté par Sébastien Japrisot. Jacques Villeret y est harcelé par Josiane Balasko.).

Sacha Guitry s’aperçoit pendant les essais que Michel Simon est mal à l’aise avec la technique. Le réalisateur demande alors comment il peut lui être agréable. La réponse est claire : Simon se sent incapable d’interpréter de nombreuses prises, prétextant qu’à la seconde il n’est plus le personnage mais un acteur qui joue. C’est pourquoi, il aimerait tourner les plans qu’une seule fois, sauf, bien sûr, s’il se trompe dans son texte. Et Guitry s’exécute, demandant à ses techniciens et au reste des comédiens un maximum de concentration pour ne filmer qu’en une prise unique. Dans ces conditions, le tournage s’effectue en seulement 11 jours. L’auteur s’octroie une 12ème journée pour se mettre en scène durant le générique. Il y complimente Simon, ainsi que son casting et ses techniciens.

Parmi la distribution, on retient Germaine Reuver, l’horrible mégère et épouse de Braconnier ou encore Jean Debucourt en avocat de la défense. Et ne ratez pas un Louis De Funès encore inconnu, qui tourne pas moins de 14 longs-métrages durant cette année 1951. Satire sociale, La poison n’écorche pas seulement la vie quotidienne de la province profonde. Le décor de la prison, « construit selon mes indications, et je vous jure qu’il est exact » comme Guitry l’indique à Pauline Carton durant le générique, nous rappelle la détention carcérale de l’auteur accusé de collaboration à la libération. La justice en prend aussi pour son grade. On fête un 100ème acquittement, comme pour la centième d’une pièce de théâtre. Enfin, Guitry évoque sa conception du mariage vue par les femmes lorsque Pauline Carton déclare pendant le procès : « Quelle épouse n’a pas souhaité la mort de son mari ? Ça fait partie de la vie conjugale. »

Critiqué pour un cinéma apparenté à du théâtre filmé, le réalisateur montre ici sa connaissance de la grammaire cinématographique comme à travers la séquence ou Braconnier tue sa compagne. Sorti fin novembre 1951, La Poison touche un large public, cumulant plus de 1 800 000 fauteuils, et fait l’objet d’un remake en 2001, Un crime au paradis, signé Jean Becker.

La Poison c'est un peu, voir beaucoup l'histoire du hasard, une rencontre au détour d'une liste de films français, un titre mais surtout un pitch. En second, je vois Michel Simon, Mmmmh, Sasha Guitry, ça me dit vaguement quelque chose mais c'est bien tout. Et puis, La Poison ...

Le générique d’ouverture de La Poison reprend une idée que Guitry avait déjà eue pour Le Roman d’un tricheur, où il intervient pour présenter son équipe, mais qu’il développe en apparaissant à l’écran, prenant son temps afin de faire l’éloge de ses comédiens ...

Pas loin d'être le meilleur Guitry que j'ai vu... Déjà, sans Guitry acteur, c'est pas toujours plus mal, ça évite d'avoir l'impression d'avoir déjà vu le même film dix fois... En plus, là, nous sommes gâté avec Michel Simon, immense de bout en bout, Germaine Reuver, ...